Les leaders des formations politiques marocaines multiplient les interviews à l’approche du Jour J, vendredi 7 octobre, date de l’ouverture des bureaux de vote pour les élections législatives. Après son interview accordée à l’agence espagnole EFE, Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement sortant et secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), revient ce mercredi avec une nouvelle interview accordée à «Akhbar Alyaoum».
Au menu, les élections législatives et ses prévisions, le bilan du gouvernement, ses relations avec le roi Mohammed VI et le palais et la participation des Marocains résidant à l’étranger (MRE) au scrutin électoral. «Je pense que ces élections seront transparentes. Le roi nous a donné des garanties officiellement et publiquement», indique Abdelilah Benkirane dans l’entretien publié ce mercredi. L’occasion de citer une déclaration «rassurante» de Mohamed Hassad. «Le ministre de l’Intérieur nous a rapporté que le roi lui avait dit ‘je ne vous lâcherai pas’. Le roi en personne surveille ce processus électoral», a dit le chef du gouvernement, avant de reconnaître qu’il n’«aurait pas dû rapporter ces déclarations».
MRE, monarchie et larmes lors des meetings
Pourtant, Abdelilah Benkirane a reconnu que la «transparence absolue, certainement présente dans un pays comme la Suisse, n’existe pas au Maroc (…)». Les «grandes affaires», elles, ont fait l’objet de débats au sein même du gouvernement, d’après lui : « Nous avons géré ces questions avec Monsieur [Mohamed] Hassad, Monsieur [Charki] Driss, et Monsieur [Mustapha] Ramid avec quelques frottements, mais les choses se sont plutôt bien passées dans l’ensemble», a-t-il déclaré.
Il a également évoqué la non-participation des MRE à cette échéance électorale, renvoyant la balle dans le camp du ministère de l’Intérieur. «Lorsqu’on m’a demandé si les MRE allaient voter, j’ai répondu par l’affirmatif. Or, le ministre de l’Intérieur m’a donné une explication en interne et le ministre de la Justice (et des libertés, ndlr) l’a soutenu», avance-t-il.
Sur sa relation avec la monarchie et le roi Mohammed VI, le leader du parti de la Lampe s’en retourne à son discours habituel. «Les Marocains savent que la monarchie assure son rôle d’arbitre, c’est-à-dire que le roi veille à ce qu’une partie ne soit pas dominante par rapport à une autre. Nous avons dit que ce qui nous lie à la monarchie, ce sont la légitimité et la Constitution». Et d’ajouter à cet égard que la «politique, c’est de pouvoir se diriger avec votre groupe et votre société vers le meilleur avec un minimum de dégâts, tandis qu’errer sans objectif vous mènera droit dans le mur».
Quant à ceux qui ont critiqué son trop-plein d’émotions, en référence aux larmes que le secrétaire général du PJD a versées lors de plusieurs meetings organisés par sa formation, ce dernier a joué la carte du mélodrame. «Je ne suis pas Johnny Hallyday pour monter sur scène, chanter pour le public et partir. C’est l’espoir qui a fait venir ces gens. Je suis un humain et je pleure lorsque j’ai envie de pleurer. Maintenant, ils veulent aussi me priver du droit de pleurer ? Qu’est-ce qu’ils vont me laisser alors ?».