La campagne électorale monte d’un cran. En témoigne les interventions des religieux dans le débat politique. Vendredi 30 septembre à Ghafsai, un imam s’est écarté du prêche officiel du ministère des Habous et des affaires islamiques réservé à l’amour de la patrie pour inviter les fidèles à voter contre les candidats du PJD. Les ministères de l’Intérieur et de la Justice et des libertés, qui veillent sur l’organisation du scrutin du 7 octobre, ont dépêché sur place leurs agents en vue de mener une enquête.
D’autres religieux ne travaillant pas pour le compte du département d'Ahmed Taoufiq ont choisi de mener campagne contre le PAM. Hassan Kettani, ancien détenu pour terrorisme, a lancé une fatwa sur les réseaux sociaux. «Ne peut voter en faveur du parti du Tracteur, qui s’engage à combattre les islamistes et les lois de l’islam, que celui qui ne croit pas en le Jour du Jugement Dernier». Un soutien clair aux «frères» d'Abdelilah Benkirane.
La saison des fatwas électoralistes est lancée
Hassan Kettani, gracié en février 2012, s’est prononcé contre le boycott des législatives. Pour le cheikh, il vaut mieux élire les candidats «les plus proches du bien» que de bouder les élections. Un acte qui, selon lui, profitera à «la formation hostile à l’islam», a-t-il argumenté. Un message qui va à l’encontre de la position adoptée par Al Adl Wal Ihsane.
Si la fatwa de l'ancien détenu s’adresse à l’ensemble de la mosaïque des islamistes au Maroc, celle de Jalal Aaouita est destinée exclusivement aux salafistes, tiraillés entre le PJD et Mohamed Maghraoui, plutôt pro-PAM. Jalal Aaouita, figure montante du salafisme réputée très proche de Hammad Kabbaj, estime que le vote en faveur du Tracteur est contraire à la ligne du cheikh Ibn Taymiyya (1263-1328), considéré comme le père du salafisme dans le monde islamique.
Au fur et à mesure qu’on s’approche du jour J, ces fatwas devraient s'intensifier. Cela n’a rien d’étonnant dans une société où les forces conservatrices tiennent le haut du pavé. Il est probable qu’Ahmed Raissouni, premier président du MUR, soit de la partie. A la veille des scrutins du 4 septembre 2015, il avait autorisé les électeurs à prendre des sommes d’argent de «candidats prévaricateurs», mais à condition de ne pas voter en leur faveur.