On l’appelle parfois «l’or brun du désert», jolie métaphore pour désigner celle qui s’érige en reine sur les tables ramadanesques, largement prisée au Maghreb où elle fait partie intégrante du capital culinaire de la région. Plus précisément, c’est au Maroc, huitième producteur mondial de datte, que le fruit se découvre des potentialités… d’investissement.
Autrefois troisième producteur mondial grâce à une importante superficie de palmiers dattiers - 15 millions de pieds il y a plus d’un siècle -, le Maroc n’a pas perdu la main. Sa palmeraie couvre actuellement une superficie d’environ 44 000 hectares, soit 4 430 000 palmiers, selon le ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime. Reste que le secteur fait face à un défi de taille, susceptible de susciter des vocations auprès d’entrepreneurs et d’investisseurs : couvrir la demande nationale, surtout en période de ramadan, et limiter les importations, qui plafonnent à 30 % environ, d’après une étude du département d’Aziz Akhannouch.
Le patrimoine de la phœniciculture prend racine principalement au niveau de trois régions : Ouarzazate représente 41 % de la production, contre 28 % pour Tafilalet et 20 % pour Tata. Ceci dit, les zones capables d’accueillir des plantations phœnicicoles s’étendent sur une superficie totale de 471 000 km carrés, soit deux tiers du territoire national, et sont constituées de 12 provinces : Figuig, Errachidia, Ouarzazate, Zagora, Tata, Agadir, Tiznit, Guelmim, Tan-Tan, Laâyoune, Smara et Oued Eddahab. Les régions d’Ouarzazate et d’Errachidia sont toutefois les plus productives : elles contribuent à hauteur de 90 % environ de la production marocaine de dattes.
Plus de 5 000 dirhams de bénéfices
Une production qualitative qui jouit d’un «profil variétal parmi les plus riches au niveau international» avec plus de 453 variétés, lit-on dans la présentation du produit sur le site du Salon international des dattes au Maroc. Certaines ont d’ailleurs le monopole de la ville de Figuig, comme la datte Assiane et Aziza Menzou. D’autres sont surtout cultivées dans la région du Draa ; c’est le cas des dattes Aguellid, Bouskri, Bousthami et Iklane. La très prisée Majhoul demeure sans conteste l’une des variétés les plus intéressantes. Ses cousines Aziza Bouzid et Boufeggous n’ont toutefois rien à lui envier : leur palmier produit plus de 35 kg et génère plus de 5 000 dirhams de bénéfices, rapporte l’Economiste.
Une production quantitative, aussi. En année normale, celle-ci s’élève à plus de 100 000 tonnes au royaume. Quant à la consommation, elle culmine à 3 kg/habitant au niveau national contre 15 kg/habitant au niveau des zones de production.
Le secteur dattier représente donc un potentiel d’investissement certain ; d’autant qu’il reste encore une superficie de 14 500 hectares à planter en extension entre 2015 et 2020 pour atteindre les objectifs du contrat programme de la filière phœnicicoles visant la plantation de 17 000 hectares en extension à l’horizon 2020.