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Grand Angle

Souleiman Bencheikh : Aperçu historique des révoltes dans le Maroc contemporain [Magazine]

Si au Maroc les actuels mouvements politiques réclamant une monarchie constitutionnelle restent sur un mode contestataire mais non révolutionnaire, l’histoire du Royaume chérifien est riche en soulèvements, émeutes ou tentatives de coups d’Etat. Pour comprendre le présent, il est intéressant de se replonger dans le passé. Pour se faire, nous avons interrogé Souleiman Bencheikh, Directeur de la rédaction de Zamane, le mensuel marocain spécialisé en histoire.

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Pouvez-vous nous donner les différentes typologies de soulèvements, révoltes, révolutions qu’a connus le Maroc dans son histoire ?

La contestation violente a toujours existé, au Maroc, comme dans toutes les sociétés. Par contre, les formes qu’elle prend changent selon les époques et sont forcément tributaires d’un contexte. Dans le Maroc précolonial, la contestation a souvent pris la forme d’une siba (dissidence) matée ou pas par les harka (campagnes militaires) du sultan. Pendant les périodes fastes de la monarchie marocaine, bled siba rétrécissait comme peau de chagrin. A l’opposé, en période de crise économique, de disette ou d’occupation étrangère, bled siba grandissait. Cette forme historique de contestation souvent violente (mais pas toujours) reposait la plupart du temps sur des motifs financiers (refus de l’impôt, considéré comme injuste ou excessif) plutôt que sur une négation de l’autorité du sultan.

Ces soulèvements qui revêtaient une forte dimension tribale et régionale ont duré jusqu’au lendemain de l’indépendance. Un des derniers avatars de ces révoltes tribales est peut-être la révolte de Addi Ou Bihi dans le Tafilalet, quelques mois après l’indépendance. Par certains aspects, la guérilla de Abdelkrim Khattabi dans les années 1920, ou même la révolte du Rif en 1958, peuvent également s’apparenter à des vestiges du soulèvement tribal qui, rappelons-le, était un mode presque normal de régulation politique, avant le protectorat.

La contestation politique au Maroc est-elle une marque de fabrique des campagnes révoltées ?

La siba, qui est un phénomène essentiellement rural, ne doit néanmoins pas faire oublier, que l’histoire du Maroc est également parsemée de révoltes urbaines. Ceci était déjà vrai avant le protectorat. L’exemple le plus connu est certainement celui des tanneurs de Fès, une révolte sociale violemment réprimée par le Pouvoir, au début du règne de Hassan Ier.

On peut dire que le nationalisme marocain de l’Istiqlal a contribué à forger, essentiellement dans les villes, une conscience révolutionnaire hostile au protectorat. La contestation politique prend alors une forme plus «moderne», s’apparentant plus ou moins aux théories de la révolution issues de la mère de toutes les révolutions, celle de 1789, en France. La contestation, qui est parfois violente, est alors encadrée par une élite éduquée, une bourgeoisie souvent fassie ou slaouia qui veut libérer le Maroc et son peuple, exactement comme dans le cas de la révolution française, considérée par les marxistes, comme une révolution bourgeoise.

A partir du moment où la monarchie prend le pas sur le mouvement national, la notion de révolution change de sens : les révolutionnaires ne sont plus des résistants à l’oppression du protectorat, mais de dangereux communistes, ou pire, des anarchistes. Il est par ailleurs intéressant de noter que la monarchie a quand même tenté de récupérer une partie de l’idéal révolutionnaire : ne parle-t-on pas de révolution du Roi et du Peuple, pour désigner les violences qui ont mené au retour du sultan Mohammed Ben Youssef exilé à partir de 1953 ?

Que peut-on dire des révoltes sous le règne de Hassan II ?

Il y en a trois qui sortent du lot : les émeutes de Casablanca en mars 1965, quand les manifestations de lycéens, bientôt rejoints par les travailleurs, ont été violemment réprimées par le général Oufkir en personne; en 1981, c’est la baisse des subventions pour plusieurs produits de première nécessité qui met le feu aux poudres, les émeutes touchent Casablanca, Oujda, Nador, Berkane; enfin, on retiendra le soulèvement de Nador en 1984, qui a donné l’occasion à Hassan II de prononcer son fameux discours sur les awbach.

Les coups d’Etat sont-ils à classer dans une catégorie à part ? Ce sont des militaires et pas forcément la population qui se soulèvent.

Je ne pense pas que les putschs de 1971 et 1972 puissent s’apparenter à une révolution, ni même une révolte ou une émeute. Il y manquait la dimension populaire, même si on a pu voir ça et là quelques manifestations de joie au moment où la proclamation de la république a été annoncée par les putschistes.

Cet article a été précédemment publié dans le Yabiladi Mag n°4

Lire aussi l'interview de Brahim Ouchelh

Oui je me rappelle
Auteur : Mazagui
Date : le 01 mars 2011 à 11h54
Le coup d’état de ceux qui ratent disait San Antonio, parle moi z’en pas, répondait Béru.
Ce jour là avec ma famille on se trouvait à quelques mètres de là où ça se passait, on prenait le car pur rejoindre Casablanca, pendant le trajet on avait remarqué des hélicoptères militaires qui survolait le ciel, mon père les regardait avec inquiétude, plus loin au niveau d’un croisement, il y’a des motards militaires qui faisaient la circulation, ils avaient ordonné au car de prendre une autre route, alors la mon père a carrément changer de couleur, en disant ça ce n’est pas bon « Lah yehfed ou safi »
On a continué notre chemin jusqu’ à destination, la ville d’El-Jadida était déserte, même pas un policier dans la rue, tout le monde regardait mon père qui n’a pratiquement pas dit mot.
Le soir, et comme il était de coutume à l’époque on s’est fait invité chez les voisins, ils avaient la télévision, le soir toujours dans la même ambiance, on a suivi la déclaration de Hassan 2 on direct, je ne me rappelle pas de ce qu’il a dit, mais je me rappelle bien qu’il y avait une coupure de courant au palais, et dans le noir on entendait « ni ahia chemaa, chaal chema »ouest la bougie, allume la bougie.
Il y’a aussi une phrase que je garde en souvenir du roi «kaifa touadi bi attaa wa el ehtirame wa ta koumou bi hada al amal el ijrami ». Comment tu montre de l’obéissance et du respect, et tu commets cet acte criminel.

La grève de 1973
Je pensais que ça a commencé en 1972, trois mois de cours et puis l’école buissonnière durant six mois.
Les premiers jours avec mes copains de l’époque on en raté pas une, on suivait les manifestations partout, au début c’était vraiment pacifique, mais après ça c’est corsé de plus en plus, les makhzens ont commencé à asperger les étudiants avec de la peinture, l’étape suivante c’était le rasage complet du crane question de les marquer pour toute autre récidive, mais seulement le « bit gir »cachot était trop petit contenir plus de deux ou trois personne, ils relâchaient tous le monde après quelques claques et des menaces, pour les connus ils les livraient directement à leur domicile.
Ce que je retiens de cette époque, c’et que j’avais rencontré la plus belle fille de la création, comme disait ma mère « Dieu a crée cette fille et il a cassé le moule », mais ses parent l’ont envoyée vivre a Séfrou, et je ne l’ai jamais vu depuis. Le pire c’est qu’elle ne savait pas que j’étais amoureux d’elle, je ne lui jamais dis, j’en profite aujourd’hui pour le lui faire la déclaration de l’époque « Mina je t’aime snif snif».
Merci pour ce rappel
Auteur : pff
Date : le 28 février 2011 à 21h39
Il est effectivement important de rappeler l'histoire des différents soulèvements ou révolutions auquel un pouvoir est confronté tout au long de sa vie de régne, et aussi d'en déduire les principaux facteurs de réussite ou d'échec d'un soulèvement.
Des révolutions sociales, et d'autres d'origine bourgeoise, comme vous avez bien pris comme exemple la Révolution Française encore considérée par beaucoup de Français comme la Révolution du Peuple car symbolisée par 'La prise de la Bastille' alors qu'initialement il s'agissait de la Bourgeoisie qui mécontente des faveurs accordés par le Roi à la Noblesse a multiplié les critiques et débouché sur la Révolution, en ralliant le Peuple à sa cause.
Aussi concernant les Coups d'état ce ne sont pas des révolutions en soi mais plutôt un Conflit interne lié à l'attribution des pouvoirs. Ce sont les plus dangereux car ils visent plus de pouvoir et n'ont aucunement l'attention de rendre justice au Peuple, et ça dérive en dictatures plus ou moins égales aux régimes qu'il renversent. Comme viennent de nous le rappelr certains de nos pays voisins.

Toutefois, doit-on considérer comme nouveau type de soulèvement ce qu'on observe dans les Pays Arabes de l'Est? Aucun leader, le Peuple uni se soulève et entame une Révolution..
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