Le Maroc de moins en moins libre économiquement selon le classement de l'Institut Fraser

Les lignes n’ont guère bougé d’une année à l’autre. L’Institut Fraser, un think tank canadien indépendant spécialisé dans l’éducation, la société et l’économie a récemment publié l’édition 2016 de l’indice de la liberté économique, évaluée chaque année depuis 1996 par l’organisme. A l’instar de la version 2015 qui s’appuyait sur les données de 2013, celle-ci se base sur les éléments de 2014.

Si les résultats qui y sont répertoriés traduisent de maigres évolutions au Maroc, l’une des courbes s’est pourtant nettement raidie : le royaume perd 9 places par rapport à l’édition 2015 où il était classé 109e avec un score de 6,46 points, contre 118e cette année sur 159 pays et territoires, récoltant ainsi 6,42 points. Il se situe juste derrière le Vietnam (6,43) et devant le Ghana (6,41). La moyenne culmine à 7,7 points, soit 0,84 points de plus que l’an passé (6,86).

A l’échelle du Maghreb, le Maroc distance de loin l’Algérie, classée 151e (5,15) mais se laisse détrôné par la Tunisie, qui glane la 108e place (6,54). La Mauritanie pointe en bas du classement (144e/5,63) quand la Lybie clôture quasiment la liste (158e/4,58).

Dans le top 5 se succèdent respectivement Hong Kong (9,03), Singapour (8,71), la Nouvelle-Zélande (8,35), la Suisse (8,25) et le Canada (7,98). Plusieurs pays d’Afrique et d’Amérique du Sud se partagent le bas du classement : la Centrafrique est 155e (5,01), suivie de l’Argentine (4,81), la République du Congo (4,80), la Libye et le Venezuela (3,29).

Des chiffres semblables aux résultats précédents

Signe que l’heure est un peu à l’apathie, le cadre juridique et la sécurité des droits patrimoniaux, l’un des cinq outils de mesure de la liberté économique selon l’organisme canadien, recueille 6,1 points au Maroc. Un score identique à celui de l’an dernier. L’accès à la monnaie forte n’est pas non plus son fort : le pays se hisse d’un tout petit point (7,4) et d’une toute petite place (110e).

La taille du gouvernement, sur lequel pèsent notamment les dépenses publiques, les subventions et les taux d’imposition, accuse lui aussi une quasi-paralysie : de 5,8 points en 2015, il passe à 6,1 points. Sensible espoir toutefois : le Maroc arrache 11 places dans cette catégorie. Un optimisme de courte durée, puisqu’il perd 24 places en matière de liberté des échanges à l’international. Il se classait en effet 91e l’an dernier (7,0) contre 115e cette année (6,5).

Sur le front de la réglementation du crédit, du travail et des affaires, le score du royaume confirme cette tendance à l’inertie. Et pour cause, il se taillait 6,1 points l’an passé ; idem pour cette année. Il se déclasse d’ailleurs de deux rangs (141e contre 139e). En revanche, la réglementation des affaires lui réussit particulièrement : il remporte la 42e place dans ce domaine.

42 points de données

L’indice évalue le degré d’implication des politiques et des institutions de 159 pays en faveur de la liberté économique. Le choix personnel, l’échange volontaire, l’accès aux marchés et à la concurrence et la sécurité de la personne et de la propriété privée sont les quatre pierres angulaires autour desquelles s’articule l’indicateur. L’étude s’appuie sur 42 points de données pour mesurer la liberté économique dans les cinq domaines énoncés plus haut.

Le rapport est signé James Gwartney, économiste américain, enseignant à l’université d’Etat de Floride, Robert Lawson, directeur du centre O’Neil sur les marchés mondiaux et la liberté à l’université méthodiste du Sud (SMU) du Texas et Joshua Hall, professeur d’économie à l’université de Virginie-Occidentale, spécialiste de la microéconomie, de la liberté économique et des finances publiques.