Vendredi dernier, la Chambre américaine des représentants a autorisé, à son tour, les familles des victimes des attentats du 11 septembre 2001 a réclamer en justice des dommages à Ryad. Une décision très attendue qui atteste à quel point se sont détériorées les relations entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite durant l'administration Obama.
Le Maroc, grand allié de la monarchie wahhabite, n'a pas tardé à réagir. "On ne peut faire l'amalgame entre les actes imputés à des individus isolés, et la responsabilité des Etats. Un tel amalgame reviendrait à remettre en cause toute l'histoire de l'humanité", avertit le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué rendu public mardi soir.
Dans son plaidoyer, la même source explique que "les actes terroristes de certains individus isolés ne peuvent être reprochés à leur pays d'appartenance, d'autant que ces individus agissent contre la sécurité et les intérêts de ce même pays".
La décision de la Chambre des représentants, à majorité républicaine, intervient presque quatre mois après un vote, le 17 mai, du Sénat américain en faveur de la proposition de poursuivre en justice l'Arabie saoudite pour son rôle supposé dans les attaques du 11 septembre 2001. A moins d'un véto présidentiel, ce vote pourrait être suivi à l'international. D'autres pays ayant été frappé par le terrorisme islamiste pourrait donc emboîter le pas aux Américains.
Un grave précédent
Et au delà de l'Arabie saoudite, la responsabilité d'autres Etats pourrait alors être engagée, du fait de l'implication de leurs ressortissants. Plusieurs Marocains, sans prendre en considération les cas des binationaux, sont impliqués dans la commission d'attentats en Europe. Il est ainsi possible d'envisager que des Espagnols victimes de l'attentat du 11 mars 2004, réclament des dommages et intérêts à Rabat. Des citoyens français ou belges pourraient suivre la même voie.
Anticipant les conséquences d'un scénario-catastrophe, la Maison blanche temporise. «Notre inquiétude ne se limite pas à l'impact que cela pourrait avoir sur notre relation avec un seul pays (l'Arabie saoudite, ndlr), mais avec tous les pays du monde», a affirmé mardi l'un des porte-paroles de l'exécutif américain.
Plus grave encore, «cette loi changerait le droit international traditionnel à l'égard de l'immunité des États. Et le président américain continue de craindre que cette loi ne rende les États-Unis vulnérables dans d'autres systèmes judiciaires partout dans le monde", avait expliqué le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, après l'adoption du texte par le Sénat.