Plusieurs médias marocains ont relayé à l’unisson - et sans vérification - une information selon laquelle Casablanca serait la 5e ville la plus polluée au monde. Celle-ci fait même la Une du quotidien Assabah, qui cite «le célèbre centre américain spécialisé dans les études sur le niveau de vie, la sécurité, la pollution, la couverture sociale, l’habitat et l’environnement», Numbeo.
Ce dernier attribue en effet à la capitale économique du royaume la 5e place des villes les plus polluées au monde, avec un indice de pollution de 94,81. Selon le journal arabophone, Casablanca serait la seule ville marocaine présente dans ce classement qui répertorie 211 métropoles et mégapoles. La ville blanche arrive juste derrière Accra, au Ghana, en tête du classement, suivie du Caire, Beyrouth et Katmandou au Népal. Cerise sur le gâteau : Monaco serait même plus polluée que Paris, d’après la même source.
L’heure est donc à la relativité. Bien que les médias évoquent un «spécialiste» de ce genre d’étude, Numbeo n’est en réalité qu’une simple plateforme participative où les données sont saisies par des «contributeurs» qui se basent sur leurs perceptions. A titre d’exemple, les données concernant Casablanca ont été communiquées par 21 contributeurs, qui ne sont autres que des habitants de la ville blanche.
Pour Casablanca, l'OMS indique certains taux dépassent à peine la moyenne
Numbeo classe Casablanca au 10e rang des villes les plus polluées du monde selon l’indice mis à jour en temps réel. La ville est d’ailleurs classée 6e et non pas 5e dans le classement daté de la première moitié de l’année en cours.
Le Air Quality Index en temps réel (AQICN), un site mis en place parle Worldwide Air Quality qui se base sur les données fournies par les services météorologiques de 61 pays, ne fait pas état de données aussi alarmantes pour la capitale économique. Il précise que les trois stations opérationnelles, gérées par Météo Maroc, sont implantées dans des lieux représentatifs de deux types d’exposition à Casablanca. «La première est placée à Aïn Sebaa, la deuxième sur [le boulevard] Zerktouni et la troisième à Sidi Othmane», indique-t-il.
De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) précise dans son rapport 2016 que l’indice des particules fines de diamètre inférieur à 2,5 microns (PM 2,5) à Casablanca en 2014 était de 26 μg/m3, tandis que la moyenne plafonne à 20 μg/m3, contre 61 μg/m3 pour l’autre indice, le PM 10 qui désigne les particules fines de diamètre inférieur à 10 microns.
A titre de comparaison, les indices PM 2,5 et PM 10 en 2013 du Caire étaient respectivement de 76 et 179. Ceux de Pékin culminaient à 85 et 108 entre 2013 et 2014, alors que les indices de Shanghai, que Numbeo classe pourtant au 21e rang de son «rapport», s’élevaient à 52 et 84 μg/m3.
La moyenne annuelle pour l’indice PM 2,5 est de 10 μg/m3, contre 20 μg/m3 pour l’indice PM 10. Si Casablanca est évidemment une ville polluée, il faut ne pas avoir beaucoup voyagé pour la classer devant certaines mégapoles chinoises, indiennes et pakistanaises.