Les mésaventures des Marocains du monde avec la compagnie italienne de transport maritime Grandi Navi Veloci (GNV) ne cessent de se multiplier cet été. Ce mercredi, les passagers à bord du SNAV Sardegna refusaient toujours de quitter le ferry avant d’être «remboursés intégralement» par le transporteur italien, le bateau étant arrivé au port de Carthagène au lieu de Barcelone suite à un problème technique.
Abderrezzak Hamdani, un Marocain résidant à Sète joint par notre rédaction, nous a annoncé aujourd'hui que «les passagers refusent de quitter le ferry avant le remboursement des billets sur place». «Hier, suite à l’intervention des consuls de Valence et d’Almeria, les responsables de GNV nous ont promis ce remboursement ainsi que 150 euros pour le carburant et les frais de l’autoroute afin de regagner Barcelone», explique-t-il.
Une intervention timide des consuls du Maroc
Le transporteur italien aurait changé de ton : «Ce matin, ils informaient les gens qu’il fallait quitter le bateau et se rendre à Barcelone pour être remboursé», dit-il encore, soulignant que les passagers ont refusé cette proposition et sont restés à bord d’un navire «sans eau, sans nourriture, dans des conditions déplorables et une galère totale».
«Les consuls sont arrivés vers 22 heures et la solution qui a été trouvée est le remboursement intégral des passagers à la sortie du bateau en liquide en plus de 150 euros de carburant pour rentrer à Barcelone. Ce matin, il n’y a plus rien et ils disent que les billets seront remboursés après avoir présenté une demande à l’agence GNV de Barcelone», selon Abderrezzak Hamdani. Une démarche à laquelle les MRE s’opposent également, rappelant qu’ils ont «déjà entendu ce discours et qu’il n’y aura pas de remboursement».
Alors qu’ils étaient attendus ce matin au port de Carthagène, le passager ne manque pas de nous signaler que les deux consuls du Maroc en Espagne ne sont plus revenus depuis mardi soir, en «abandonnant les passagers GNV Sadrenga à leur propre sort».
De son côté, Samia Hachir, une autre MRE dont la mère est à bord du même bateau, a informé mardi 6 septembre sur Twitter que les passagers étaient «obligés de prendre la route vers la France depuis Algesiras en pleine nuit», suite à une panne du bateau.
@yabiladi_maroc #MRE obligés à prendre la route pr la Fr. depuis Algeciras en pleine nuit! Ma mère y est. Une panne du bato en cause. #GNV
— Samia Hachir (@SamiaHachir) 6 septembre 2016
Un récit concordant avec celui de Youssef El Hathout et de Laârbi Belaayachi. Ce dernier nous a rapporté mardi que les passagers «sont dans le pétrin», en précisant qu’il est à bord de ce même bateau depuis dimanche. «Depuis dimanche, on est à bord de cette ‘ferraille’ et actuellement (mardi vers 17 heures GMT+1, ndlr) il s’arrête en pleine mer alors que nous n’avons rien à manger ni à boire.»
Une traversée qui devient un calvaire pour les MRE
«Ils nous ont dit que le bateau arrivera à Barcelone aujourd’hui matin vers 6 heures (mardi, ndlr). Il est presque 18 heures, nous sommes encore loin d’Almeria à mon avis», déclare ce Marocain résidant en France.
Dans la même situation que Samia, puisque son père est aussi un passager du ferry, Youssef El Hathout confirme les récits de Laârbi et Samia. «Mon père a réservé une traversée Tanger-Sète pour le dimanche 4 septembre à 12h00 (heure de Tanger, ndlr) avec la compagnie GNV. Quand il est arrivé sur place, il a appris, comme beaucoup d'autres clients, que la traversée était annulée», écrit-il dans un mail adressé à Yabiladi.
Le bateau de GNV a quitté la ville du Détroit lundi à 14 heures, «26 heures après l’heure du départ prévue». «Je trouve ça plus que scandaleux, mais l'histoire ne se termine pas ici», insiste-t-il, indiquant qu’au beau milieu de la mer, juste en face des côtes espagnoles, le bateau «est tombé complètement en panne vers 12h00» hier.
«Entre 16 et 17 heures (du même jour, soit mardi, ndlr), le bateau est reparti et une annonce a été faite pour prévenir qu’il déposera les passagers à Carthagène et non plus à Barcelone. Mon père habitant à Bruxelles, au lieu de faire 1 000 km entre Sète et Bruxelles, il devra en faire 2 000 entre Carthagène et Bruxelles sans avoir pu se reposer suffisamment», s’indigne-t-il dans son mail. «Cette traversée devient un calvaire», conclut-il son message.
«Du pareil au même» de l’autre côté de la Méditerranée
De son côté, Houcine Kerbal, président de l’Association franco-marocaine d’Europe, estime ce mercredi que ces sagas ininterrompues avec la compagnie de transport italienne «ne sont pas normales». «Ce n’est plus acceptable que les Marocains subissent cette humiliation de la part de ce transporteur», commente-t-il, faisant savoir que de l’autre côté de la Méditerranée, «c’est du pareil au même».
«Des MRE sont arrivés des Pays-Bas et d’Allemagne mardi à Sète pour prendre le bateau à destination du Maroc. A la dernière minute, ils leur ont dit d’aller à Barcelone pour prendre le ferry parce que la liaison entre Sète et Barcelone a été annulée», dit-il. Une fois à Barcelone, les MRE ont été invités à revenir vers Sète «pour qu’on leur annonce que le ferry ne partira que vendredi prochain».
Sans hébergement, ces Marocains du monde sont invités malgré eux à errer encore quelques jours en attendant d’embarquer. Une situation qui se répète assez fréquemment selon les MRE joints par notre rédaction.
Ces incidents ne datent pas d’aujourd’hui puisque la semaine dernière, déjà, des MRE étaient restés plus de «56 heures» à bord du bateau SNAV Sardegna (au lieu des 48,5 heures initialement prévues). Ils nous avaient par la suite rapporté le récit de leur «voyage infernal» en soulignant l’état du ferry, notamment «l’absence de climatisation» et «les conditions inhumaines» dans lesquelles ils avaient traversé la Méditerranée.