A l’entrée de la bourgade, rien ne vient perturber le décor qui se répète le long de la route nationale. Rien, sauf cette plaque qui indique Brachoua, un village vert et éco-touristique. Tout près, des adolescents disputent un match de foot sur un terrain de terre brune, limité seulement par les bornes. Pas de filets non plus pour les buts… Sans crier gars, un homme surgit du décor, sourie et se présente : c’est le président de l’association «Coopérative des femmes de Brachoua de l’agriculture». «Marhaba», lance-t-il d’emblée pour nous accueillir.
Lorsque la presse nationale et étrangère s’intéressent à Brachoua, le tableau qu’elle dépeint est celui d’une réussite totale, d’une success story à tous les niveaux : ils étaient pauvres, ont déniché des idées ingénieuses et subviennent désormais à leurs besoins.
Sur place, le tableau dressé se confirme mais les villageois ne cachent pas leurs soucis logistiques. Certes, la permaculture et l’écotourisme attirent des visiteurs du pays comme de l’étranger, les formules plaisent et sont accessibles à celui qui, le temps d’un week-end, veut s’offrir une échappée bucolique dans un climat convivial et familial, manger bio et s’aventurer dans les sentiers battus qui encerclent le village. Pour la randonnée, compter 100 dirhams la journée - le double pour la nuitée.
La menace de la sécheresse
Mais ce décor idyllique souffre de la sécheresse qui frappe durement le pays. En effet, la saison agricole a été pénible pour la deuxième année consécutive, menaçant de fait l'activité d'écotourisme. Deux effets combinés qui entravent le développement économique de ce village.
Les légumes et fruits bio qui composent les menus traditionnels offerts aux touristes se font donc plus rares. Ils ne proviennent plus des minuscules potagers des 60 familles qui cohabitent dans cette coopérative, mais des terres laissées vacantes par le barrage qui se retire d’avril à octobre.
La terre, très fertile sur ces dizaines d’hectares, permet une double récolte et sauve ainsi l’économie dont elle dépend. Les fruits et légumes sont vendus sur le bord de la route, où les automobilistes sont friands des produits agricoles fraîchement cueillis.
Si les moyens de production peuvent parfois leur faire défaut, les villageoises pallient aux aléas climatiques en fabricant des produits artisanaux tels les couffins en osier, qu’elles tressent à la main, et qui vont de paire avec la campagne «Zero mika». Dans la gamme de leur savoir-faire, on trouve aussi du beurre, du couscous, du miel et de l’huile d’olive vierge. Les pépinières offrent aussi à ceux qui veulent garnir leurs jardins des plants d’arbres et des plantes.
Une aide internationale précieuse
Ainsi, les coopératives, qui ont commencé leurs actions en 2009, ont créé en 2013 une association qui les représente et trouvé auprès d’autres associations, comme Ibn Baytar, soutien, conseil et encouragement. Caritas a également promis de creuser des puits et d'installer un système goutte à goutte afin de prévenir les périodes déficitaires en précipitations et pouvoir assurer un arrosage régulier. L’association Amsat a quant à elle distribué 25 réservoirs d’eau au villageois, tandis que l'association Adem a fourni des ordinateurs à l’école communale.
La coopérative de femmes Brachoua de l'agriculture a pu organiser des évènements sportifs et culturels, animant la vie de la population locale, rallier le village à l'eau et à l'électricité et lui donner une visibilité, créant ainsi un revenu qui améliore leur vie quotidienne.
Des actions remarquables qui mériteraient d'être renforcées par l'aide des pouvoirs publics pour faire de cette expérience un exemple de développement durable en milieu rural.