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Grand Angle

Casablanca : Inauguration du cimetière des victimes des événements sociaux du 20 juin 1981

Le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) inaugure ce lundi un cimetière dédié aux victimes des affrontements du 20 juin 1981. L’occasion de revenir sur l’histoire de ces émeutes sanglantes survenues lors des «années de plomb». Détails.

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Une photo du journal Libération Maroc / DR
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Dans le cadre du suivi de la mise en œuvre des recommandations de l’Instance équité et réconciliation (IER) relatives à la préservation de la mémoire, le Conseil national des droits de l’homme annonce l’inauguration officielle, ce lundi à Casablanca, du cimetière des victimes des événements du 20 juin 1981. Une cérémonie religieuse en coordination avec les familles des victimes sera également organisée.

Afin de redessiner les contours, opaques, de ces émeutes, l’Instance équité et réconciliation (IER) avait mené une série d’investigations sur les événements sociaux de 1981 qui lui ont permis de lever le voile sur le sort des victimes, rappelle le CNDH. «Après aménagement du cimetière, il a été procédé à la mise en place d’une stèle commémorative portant le nom des victimes», indique l’instance présidée par Driss El Yazami.

Le cimetière, qui portera le nom officiel de «Cimetière des victimes des événements de juin 1981», sera inauguré en présence des familles des victimes. Il sera situé derrière le siège central de la protection civile à Casablanca, à proximité de l’entrée de la société de transport Medina-bus, fait encore savoir le CNDH. Contacté par notre rédaction, le Conseil précise que l’emplacement de ce cimetière est compris entre le boulevard de la Grande ceinture et le boulevard du Fouarat à Hay Mohammadi.

Au même endroit, une fosse commune où avaient été enterrés une centaine de corps de personnes tuées lors des affrontements de 1981 aurait été découverte en 2005. Une commission d’enquête mandatée par l’IER avait alors entamé des travaux pour l’identification de ces victimes enterrées dans le cimetière jouxtant la caserne des sapeurs-pompiers de Casablanca. Trente-cinq ans sont passés depuis les émeutes qui ont marqué l’histoire contemporaine du Maroc. Jusqu’en 2014, plusieurs familles de victimes, notamment l’Association du 20 juin, réclamaient encore l’ouverture d’une enquête pour déterminer les responsables de ce drame.

Un plan d'austérité à l'origine des émeutes ?

Surnommé la «révolte du pain», le mouvement de grèves mené dans plusieurs villes du Royaume intervient en juin 1981 suite à des pressions exercées par le Fonds monétaire international (FMI) sur le gouvernement marocain pour réduire les subventions accordées à certaines denrées alimentaires, entre autres. Dans la foulée, l’exécutif, dirigé à l’époque par Maâti Bouabid, décrète une hausse de 50% du prix de la farine, du blé et du sucre.

Impactant d’abord les boulangers, la hausse provoque une pénurie du pain. Le mouvement de soulèvement est observé dans plusieurs villes du Maroc, notamment à Casablanca. La Confédération démocratique des travailleurs (CDT), principal syndicat de l’époque et l’Union marocaine de travail (UMT) appellent à la grève pour obtenir l'annulation des hausses.

Mais le mouvement de protestation est violemment réprimé par les forces de l’ordre. La révolte tourne à l’aigre et voit s’opposer deux camps : les manifestants et la police. Suite aux injonctions du ministre de l’Intérieur de l’époque, interpellations, arrestations, procès en série et censures de journaux se succèdent. On parle notamment d’usage de balles à l'encontre des manifestants et de cas de torture lors des enquêtes Le gouvernement va même jusqu’à accuser la CDT et l’Union socialiste des forces populaires (USFP) d’être responsables.

Dans les rangs des grévistes, c’est la guerre des chiffres qui est déclarée : si la version officielle évoque 66 morts, l’USFP annonce 637 décès alors que le Parti du progrès et du socialisme (PPS) indique que 800 personnes auraient perdu la vie. Les arrestations se comptent par milliers. Finalement, le plan d’austérité diligenté par le gouvernement Bouabid sera suspendu.

Des tortures et autres atrocités subies par les détenus

Dans un entretien accordé à Maroc Hebdo en 2005, Ahmed Zarouf, capitaine de la gendarmerie en 1981, avait reconnu plusieurs violations des droits de l’Homme lors de ces événements. Cité en juin 2014 par nos confrères de La Vie éco, il racontait que les «instructions que Driss Basri avait données étaient fermes et précises : réprimer les émeutes par tous les moyens. Il a même demandé s’il y avait assez de munitions pour cela». «Au commissariat de Sidi Bernoussi, l’un des escadrons sur le terrain avait remis, comme le veut la procédure pénale, une centaine de jeunes. Par inadvertance, ces jeunes avaient été entassés dans un local de 10 m2 environ, sans aération. Plusieurs d’entre eux ont péri, étouffés», confiait-il.

L’IER, mise en place le 12 avril 2004 par le roi Mohammed VI afin de réconcilier le Maroc avec son passé troublant, marqué par les années de plomb, avait examiné 16 861 dossiers et indemnisé 8 071 victimes ou leurs ayants droit. Toutefois, l’instance dirigée par feu Ahmed Benzekri avait révélé plusieurs dysfonctionnements ayant «entravé la recherche de la vérité». Elle citait notamment la «coopération inégale des appareils de sécurité» ainsi que le «refus d’autres de contribuer à l’effort d’établissement de la vérité». L’IER avait reconnu, à la fin de son mandat, que 66 cas restaient en suspens, appelant à la poursuite des investigations. Près de 11 ans après les recommandations présentées devant le monarque en 2005, des questions subsistent sur ces investigations, mais aussi sur l’instance censée continuer là où l’IER s’est arrêtée…

Au royaume des tortionnaires
Auteur : matis79
Date : le 05 septembre 2016 à 21h55
Le règne de Hassan II le tortionnaire et ses relais mérite un vrai procès avec nomination claire des responsables.
Ils auront un jour des comptes à rendre au peuple.
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