«Je vis un véritable cauchemar judiciaire à Dubaï depuis que j’ai demandé le divorce». C’est sur ces mots que Yassmina Kouchnir, une quadragénaire Franco-marocaine, commence son récit.
Cette mère de deux garçons dit aujourd’hui vouloir regagner le Maroc pour vivre auprès de sa famille. «Je voudrais revoir ma mère et ma famille que je n’ai pas revues depuis le début du divorce il y a deux ans», indique-t-elle. Un souhait face auquel son ex-mari remue ciel et terre pour obliger son ex-femme et ses deux enfants à le suivre en France. «C’est une situation injuste dans la mesure où, depuis mon mariage en 2001, je me suis adaptée en le suivant partout pour sa carrière et en oubliant la mienne.»
Une situation «précaire» en France pour Yassmina Kouchnir et ses enfants
L’histoire a commencé lorsque le couple est arrivé à Dubaï en 2006 pour que son mari, Nicolas Kouchnir, puisse donner un coup d’impulsion à sa carrière professionnelle. Quelques années plus tard, les choses tournent mal pour la petite famille et Yassmina décide de demander le divorce. Une demande qui chamboulera sa vie et celles de sa progéniture. «Après avoir gagné en premier instance à Dubaï en septembre 2015, Nicolas a confisqué les passeports des enfants ainsi que le mien. J’ai pu récupérer le mien seulement grâce à un jugement en référé», raconte-t-elle.
L’époux fait alors appel de ce jugement avant de plier bagage avec les passeports vers une destination que Yassmina préfère taire. Un acte qui laissera son ex-femme et ses deux enfants dans une situation irrégulière à Dubaï. Pis encore, le jugement en appel obligeait cette MRE à suivre son ex-mari en France, «faute de quoi je perdais la garde de mes enfants et toute pension alimentaire».
Un recours avait alors été intenté contre le jugement en appel. En juin dernier, le verdict de la Cour suprême est tombé : il redonne à Yassmina ses droits et affirme que sa situation en France serait précaire : «je n'ai ni famille ni logement en France». S’agissant de la famille de son mari, Yassmina indique que «ses parents ne m’ont jamais acceptée puisque je n’étais pour eux qu’une étrangère, Marocaine et musulmane. Après la naissance de mes enfants, ils ont voulu les baptiser à l’église».
Deux enfants non scolarisés et sans assurance médicale
Son mari semble être déterminé à épuiser toutes les ressources nécessaires pour ramener son ex-femme en France. «Durant la procédure de divorce, il a déposé un certificat médical où sa cousine, qui est médecin angiologue, avait certifié que j’étais malade mental, potentiellement dangereuse», s’insurge la jeune femme. Et d’ajouter que le but de son ex-mari est de «faire traîner au maximum la machine judiciaire. Ce serait pour moi un risque de perdre la garde de mes deux garçons».
Ces derniers, «faute d'argent et de passeports», se retrouvent privés de toute assurance médicale et ne sont pas scolarisés : «l’école française exige un visa résidents pour les enfants», selon Yasmina.
Prisonnière aux Emirats arabes unis - ses enfants font l’objet d'une interdiction de quitter le territoire et leurs passeports ont été confisqués par leur père -, elle se retrouve aujourd’hui «surendettée dans un pays où le chèque sans provision peut conduire à des peines d'emprisonnement». Le mari serait même en train d’intenter un recours auprès d’une autre juridiction émiratie. Un huissier de justice serait récemment venu informer cette MRE du dépôt d’une demande auprès du tribunal de médiation. Encore une preuve, selon elle, de l’intention de son ex-mari de «rallonger au maximum la procédure».
«Aujourd'hui, tous mes droits et ceux de mes enfants sont transgressés. Je suis désespérée. Je souhaiterais obtenir mes droits et ceux de mes enfants et pouvoir sortir de ce cauchemar judiciaire», conclut-elle.