Menu

Grand Angle

Suicide d'une victime de viol collectif à Ben Guérir : Les ONG pointent l'absence d'éducation sexuelle

Le suicide de la jeune femme de Ben Guérir après la libération de ses violeurs laisse encore de nombreux Marocains abasourdis. Bien que les autorités locales aient réagi hier en écrouant à nouveau les violeurs présumés, la société civile n’en n’est pas moins choquée. Les ONG dénoncent un «drame quotidien», appelant le Maroc à un «acte réparateur» pour y mettre définitivement un terme.

Publié
DR
Temps de lecture: 3'

«Emprisonner les violeurs c’est une chose, mais mettre en place une véritable stratégie pour que ces drames ne se reproduisent plus en est une autre. Comment de jeunes filles se font violer tous les jours au Maroc ? Elles se comptent certainement par milliers et beaucoup croulent sous la loi du silence jusqu’à ce qu’elles ne trouvent plus une autre issu que de se donner la mort. Il est temps que le Maroc agisse convenablement», clame dans un entretien avec Yabiladi Aicha Chenna, président de l’association Solidarité féminine.

Une affaire traitée à la légère selon l'AMDH

Elle réagit ainsi au drame qui a bousculé l’actualité nationale et internationale la semaine dernière. Une jeune femme d’une vingtaine d’années a mis fin à ses jours à Ben Guérir en s’immolant par le feu suite à la libération de ses violeurs. Ces derniers mis en liberté conditionnelle en mai dernier auraient, pendant tout ce temps, menacé de diffuser les vidéos du viol collectif  qui, pour rappel, s’est produit en septembre 2015. Et selon les révélations de la presse, le juge en charge du dossier aurait fait l’objet de pressions de la part de plusieurs personnalités locales pour étouffer l’affaire. La nouvelle a provoqué une profonde indignation sur les réseaux sociaux notamment. Le lendemain, les autorités de la ville de Ben Guérir annonçaient l’arrestation des six individus impliqués.

L’Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH), qui s’est portée partie civile dans «cette affaire de pédocriminalité», comme elle la décrie, dénonce un traitement «à la légère depuis le début des faits». De plus, «la nouvelle mise en examen concerne uniquement le délit de chantage. Nous souhaitons que l’enquête du viol soit approfondie et que les agresseurs soient poursuivis et condamnés pour leur acte», a déclaré à la presse Omar Arbib, membre de l’AMDH à Marrakech. A cet effet, l’association entend saisir le procureur général et le ministère de la Justice.

«Un acte réparateur», l'urgence

Pour Aicha Chenna, ce drame met davantage en lumière un «profond et sérieux problème de société» décrié depuis des années par les ONG. «J’ai 75 ans. Depuis que je suis toute petite, j’entends dire que tel garçon a violé telle fille et le juge a conseillé le mariage pour laver l’honneur de la famille», se souvient-elle reconnaissant que les mentalités sont en train d’évoluer, mais qu’il reste encore beaucoup à faire. «Pour moi, même la loi dénoncée par les associations n’est pas suffisante. Il est temps que le Maroc pose un acte réparateur qui associe prévention, éducation et prise en charge», ajoute-t-elle.

D’après cette militante féminine, le cœur du problème réside dans les lacunes de l’éducation sexuelle des jeunes. «On a une éducation qui sépare les garçons et les filles. Du coup, certains garçons sont incapables de se contrôler face aux filles», argue Mme Chenna. Elle se souvient d’ailleurs qu’en 1997, lors d’un de ses multiples passages dans les écoles, une jeune garçon lui demande : «comment voulez-vous que je puisse résister alors que la fille est en jean avec ses cheveux lâchés». «Je l’ai regardé, je lui ai dit : ‘’mon fils, vous avez un problème, il vous faut voir un psy si vous n’êtes pas capables de contrôler vos pulsions».

La justice appelée à jouer son rôle de pédagogue

Dans les rangs du «Printemps de la Dignité», on qualifie le cas de Ben Guérir de «drame quotidien». Cette coalition de 25 ONG, pour une législation pénale qui protège les femmes contre la discrimination et la violence, suit actuellement le cas d’une mineure à Fès également victimes d’un viol collectif (4 personnes). «Les violeurs ont été libérés et la jeune fille vit une profonde dépression. On attend aussi qu’elle se suicide pour agir ?», s’interroge la coordinatrice, Asnaa H’Mehdi, dans un entretien avec Yabiladi.

La coalition sera présente à Ben Guérir jeudi prochain pour assister au procès des six violeurs de Khadija et soutenir sa famille. Elle entend y dénoncer, une fois de plus, «l’appareil juridique dans ce type d’affaire». «La justice aussi a un rôle de pédagogue. Si la loi définit le viol comme un crime, les citoyens seraient beaucoup plus interpellés que lorsqu’il est juste présenté comme une atteinte à la pudeur, tel qu’au Maroc», estime Mme H’Mehdi.

Article modifié le 2016/08/10 à 15h37

Viol
Auteur : adilfassi
Date : le 11 août 2016 à 08h43
Il faut que justice soit faite
SANS
Auteur : azf21
Date : le 10 août 2016 à 09h43
Y'a pas d'éducation sexuelle pour les animaux......
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com