Le Maroc envisage d’élargir la part fluctuante du dirham d’environ 5 % en 2017 pour les deux monnaies constituant le panier des devises, à savoir l’euro et le dollar américain, révèle ce mardi l’agence Reuters qui cite deux sources proches du dossier. Le royaume marquera ainsi un pas décisif vers l’introduction progressive du système de change flexible.
Euro et dollar ; 2,5 % chacun
Pour rappel, le Maroc a annoncé en avril dernier qu’il passerait du système de change fixe au système flexible afin d'assouplir son régime de change. Comme pour mettre le sceau à cette orientation, Bank Al Maghrib (BAM) a immédiatement modifié les pondérations de panier des devises. Du coup, l’euro pèse désormais 60 % dans le panier de devises et le dollar américain 40 %, contre respectivement 80 % et 20 % avant avril 2016.
La BAM étudie actuellement l'élargissement de la part fluctuante du dirham pour ces deux devises à raison de 2,5 % chacune, d’après les sources de Reuters. «La décision finale n'a pas encore été prise. Ce pourrait être moins ou même plus, mais l'accent est d'environ 5 %», a déclaré la première. «La part fluctuante pourrait être aussi juste de 2 % pour chacune des devises, puisqu’elle doit être suffisamment étroite afin d’empêcher un grand impact en cas de fluctuations brutales», a déclaré la seconde.
A la fin mai-début juin 2016, la banque centrale a entamé les séances de travail avec le Fonds monétaire international (FMI) afin de préparer le changement de régime de change marocain. Interrogée par Reuters sur l’état d’avancement de ces missions techniques, la BAM a déclaré qu'elle travaillait encore sur les réformes, se refusant à fournir plus de détails.
Fini les pondérations de devises d'ici quelques années
Celle-ci prévoirait une suppression totale des pondérations des devises composant le panier au bout de quelques années en fonction des réactions du marché, laissent toutefois entendre des sources au sein de l’institution bancaire dirigée par Abdellatif Jouahri. Cette dernière compterait également profiter de réserves plus élevées pour pousser les réformes monétaires et introduire le régime de ciblage de l'inflation.
Pour l’heure, certains économistes marocains attendent encore des éclaircissements quant à l’objectif poursuivi par le gouvernement. Dans un récent entretien avec Yabiladi, l’économiste et ancien cadre à la BAM Abdelouahed El Jai espérait que le passage du Maroc au régime de change flexible ne tienne pas des «recettes prônées par le FMI», car «leur réussite n’a pas été au rendez-vous en tout temps et en tous lieux», estimait-il. Pour lui, l’adoption de la flexibilité du dirham devrait être justifiée par «la non efficacité prouvée et démontrée du régime de fixité actuel».
Si Abdelatif Jouahri insistait encore sur les avantages de la flexibilité du dirham lors de la présentation du rapport annuel de Bank Al Maghrib devant le roi Mohammed VI le 29 juillet dernier, le Centre marocain de conjoncture (CMC) reste dubitatif. L’orientation est «génératrice d’incertitude », juge-t-il, et renforce les risques pour les opérateurs qui devraient ainsi composer avec des conséquences «moins maîtrisables» du flottement du taux de change.