Après avoir planté un couteau dans le dos du peuple tunisien, après avoir insulté le peuple égyptien, voilà que le protecteur des lieux saints abandonne les Marocains en rase campagne. Pourtant le Maroc a accueilli le souverain saoudien avec tous les égards compte tenu de son état de santé. Après une hospitalisation aux Etats-Unis, le roi Abdallah nous a fait l’honneur de venir reprendre ses forces entre Azemmour et El Jadida, dans la station balnéaire Mazagan.
Si le Beach Resort a comme il se doit un SPA pour être dorloté et se détendre, Mazagan est plus connu pour sa «discothèque d’exception» ou son «plus grand casino exclusif». Il y a quand même plus reposant comme endroit au Maroc pour se requinquer : les thermes de Moulay Yaâcoub et son eau à forte teneur en sels et en soufre, ou bien Ifrane avec son air pur de la montagne et sa forêt de cèdres.
Mais à peine un mois après son arrivée, voilà que notre auguste invité souhaite repartir un peu précipitamment. C’est l’ambassadeur du royaume saoudien qui l’a annoncé à l’AFP dans une dépêche publiée vendredi matin. Ainsi, le roi Abdallah partirait samedi ou dimanche, sans avoir eu l’opportunité de participer à la «journée de la dignité» prévue dimanche, à Casablanca. Ce n’est pas très gentil votre Majesté de nous poser un lapin alors que nous n’avons ménagé aucun effort pour que votre séjour soit des plus tranquilles. Chaque carrefour et chaque rond point entre Azemmour et El Jadida sont surveillés par plusieurs gendarmes. Je ne parle pas de l’entrée du Mazagan Beach Resort où personne ne peut pénétrer sans avoir montré patte blanche.
Imaginez un peu le roi Abdallah en tête du cortège sur le boulevard Hassan II, avec à sa droite un militant de l’extrême gauche aussi musulman que Che Guevara, et à sa gauche un militant de Adl Wal Ihssane, aussi laïque que Ben Laden, et derrière toute la diversité des opinions présentes au Maroc. Comme dirait le célèbre rappeur, Abdelhadi Belkhayat : «ça aurait de la gueule».
Mais non, notre invité préfère rejoindre son pays pour anticiper une révolte d’une partie de sa jeunesse de tendance chiite, qui pourrait suivre l’exemple du voisin bahreïni. Même si les saoudiens officiels ont déjà préparé l’arrivée de leur roi en affichant ostensiblement leur amour «Vous êtes dans notre cœur», il semblerait que la jeunesse possède un cœur plombé par «le chômage et une pénurie de logement». Si par «malheur», le peuple réclame le départ du roi Abdallah, il pourra toujours demander de l’aide à ses nouveaux amis : Moubarak et Ben Ali.