La tribune publiée dimanche 31 juillet par le Journal du dimanche (JDD) et co-signée par plusieurs personnalités musulmanes concernant l’organisation de l’islam en France n’a pas été du goût de la communauté juive. Hier, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a fait savoir dans un communiqué qu’il «[notait] avec inquiétude» un «oubli lourd de sens» des victimes juives lors des attentats de Toulouse en 2012 et celui de l'Hyper Cacher en 2015, déplorant également une «mémoire sélective».
Une omission que le Conseil qualifie d’«affront à la mémoire des huit victimes de ces deux attentats, qui ont été ciblées par le terrorisme parce que Juifs». L’Union des étudiants juifs de France (UEJF) évoque de son côté un «effacement du problème de l'antisémitisme» dans l'appel. «Si je ne doute pas des bonnes intentions des auteurs de cet appel, je ne m'explique pas leur indifférence face à l'antisémitisme, qui est pourtant une composante essentielle de l'islamisme radical», affirme le président de l'UEJF Sacha Reingewirtz dans une déclaration au journal.
Même son de cloche chez Haïm Korsia, grand rabbin de France qui voit là un oubli «grave et douloureux».
Les musulmans s’expliquent
A la suite du mécontentement exprimé par la communauté juive, Amine Benyamina, l’un des signataires s'est défendu d’un «faux procès». Ces derniers «ne sont absolument pas attaquables, ils sont au-dessus de tout soupçon de choix des victimes», a-t-il estimé au micro d’Europe 1.
De son côté, Bariza Khiari, sénatrice de Paris et autre signataire a indiqué sur son compte Facebook que les signataires ont souhaité «dire avec la plus grande clarté que nous ne faisons aucune différence entre les victimes du terrorisme aveugle qui frappe notre nation depuis de nombreux mois».
Dans un appel intitulé «Nous, Français et musulmans, sommes prêts à assumer nos responsabilités», une quarantaine de personnalités musulmanes se sont dites «concernés par l'impuissance de l'organisation actuelle de l'islam de France, qui n'a aucune prise sur les événements». Elles ont notamment appelé à «agir et prendre nos responsabilités» avant qu’«il ne soit trop tard» et que «la violence ne dresse les Français les uns contre les autres».
#TribuneJDD Je salue ls réactions individuelles de certains signataires qui ont clarifié leurs propos, en particulier la Sénatrice B. Khiari
— Haïm Korsia (@HaimKorsia) 1 août 2016