PJD vs ministère de l'Intérieur : Le décès d'El Habib Chaoui jette de l'huile sur le feu

Les clashs entre le parti de la Justice et du développement (PJD) et le département de Mohamed Hassad se multiplient. Ce lundi, le ministère de l'Intérieur s'attaque une nouvelle fois à la formation politique d'Abdelilah Benkirane. L'affaire concerne un membre de la direction locale du PJD dans la province d’Errachidia : El Habib Chaoui et son enfant âgé de 14 ans ont trouvé la mort par noyade à Sakiat Jana, dans la commune de Aarab Sebbah Ziz relevant du cercle d’Erfoud, a annoncé dimanche la MAP.

Les corps des deux victimes auraient été repêchés depuis un canal d’irrigation. Le procureur a ordonné une autopsie pour déterminer les causes du décès, rappelle le ministère de l’Intérieur.

L’origine de la noyade constitue désormais la pomme de discorde entre le PJD et le département de Mohamed Hassad. Une fois encore et sans nommer officiellement la formation politique dirigée par le chef du gouvernement, le ministère n’y va pas de main morte pour accuser implicitement le PJD de vouloir mener une campagne électorale précoce.

«Des partis politiques, et pour des raisons purement électorales, mettent en doute les résultats de l’autopsie et sont intervenus pour que la famille ne récupère pas les deux dépouilles pour leur enterrement», dénonce le département de l’Intérieur. La direction locale du parti de la Lampe a en effet appelé les autorités compétentes à enquêter sur les décès, n’écartant pas la piste d'un crime. La noyade ne serait qu'un éventuel moyen pour semer le doute, a-t-elle estimée.

Des marques de ligotage et des coups, selon le frère d'El Habib Chaoui

L’autopsie effectuée par le médecin légiste a corroboré dimanche la thèse selon laquelle la noyade serait à l’origine du décès. Une information confirmée aujourd'hui par le ministère de l’Intérieur. De son côté, la famille des victimes reste sceptique quant à la version avancée par les autorités : elle réfute catégoriquement les conclusions de l’autopsie, privilégiant plutôt la piste d’un meurtre.

La famille ne souhaiterait pas non plus récupérer les dépouilles de Habib Chaoui et de son enfant pour procéder à leur inhumation, d’après Febrayer. Elle exige qu’une contre-autopsie soit faite pour déterminer les «vraies causes» du décès. Un droit accordé par la loi, écrit ce lundi dans un communiqué le ministère de l’Intérieur.

Ce sont surtout les déclarations du frère d’El Habib Chaoui qui mettent en doute la version des autorités. Ce dernier n’a pas mâché pas ses mots lorsqu’il a avancé que le crâne d’El Habib Chaoui présentait «plusieurs coups causés par un objet tranchant» et son cadavre des «marques de ligotage autour des poignées et des jambes». «Le ministère de l’Intérieur veillera à éclairer l’opinion publique s’agissant de toute exploitation politique de cet accident», précise encore l’Intérieur.

Cette nouvelle affaire intervient quelques jours seulement après le fameux communiqué co-signé par le département de Hassad et celui de Mohamed Boussaïd dans lequel les deux ministres défendaient le wali de Rabat, Abdelouafi Laftit. Les relations entre le PJD et l'Intérieur ne sont donc pas prêtes de s'améliorer.