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Interview

Ali El Yazghi : « Le rejet de notre dossier de création de parti est une décision politique »

Le ministère de l'Intérieur a décidé, début de ce mois, de rejeter le dossier de création du parti de l'Alternative démocratique (PAD), connu aussi sous le nom d'Al Badil démocratique. Dans sa décision, le département de Mohamed Hassad estime que la nouvelle formation politique n'a pas répondu aux critères de la loi sur les partis. Ali El Yazghi, coordinateur national de cette formation politique affirme, de son côté, que le dossier présenté par ses camarades est «solide.» Il accuse le ministère de l'Intérieur de vouloir délibérément écarté le PAD du paysage politique marocain. Entretien.

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Ali El Yazghi, coordinateur national du parti de l'Alternative démocratique (PAD). /DR
Temps de lecture: 3'

Quelles sont vos bases d'accusation du ministère de l’Intérieur pour vous avoir délibérément écarté du paysage politique marocain ?

Nous n’avons pas accusé le ministère de l’Intérieur sans fondement. Nous sommes partis de plusieurs constats et remarques. D’abord, la loi sur les partis politiques au Maroc vise à protéger les partis et assurer sa démocratie en interne, garantir la transparence de son financement. Elle n’a pas été promulguée dans le but d’interdire la création d’une nouvelle formation politique ou pour accorder au département de l’Intérieur le droit de livrer ces autorisations de création. Le ministère de l’Intérieur devait se constituer en accompagnateur pour nos démarches. Il devait demander une révision du dossier de création ou du dossier du congrès constitutif au lieu d’annuler la création.

Notre dossier est solide et nous nous sommes assurés qu’il contenait toutes les informations demandées. Or, dans le dossier d’annulation présenté par le ministère de l’Intérieur, ce dernier a complètement omis une partie de notre dossier, et la considère comme inexistante. Une chose qui nous pousse à poser plusieurs questions. Cela confirme que la décision du ministère est purement politique.

Mais supposons que le ministère de l’Intérieur a raison, il faut nous donner l’occasion de constituer le parti à nouveau. Or nous sommes face au refus systématique pour la reconstitution d’un nouveau dossier. Il refuse de nous livrer un document relatif à l’enregistrement aux listes électorales, pourtant essentiel pour la reconstitution d’un nouveau dossier. Et depuis lundi j'ai exigé personnellement la récupération de ce document mais en vain.

Ils ont donc choisi de faire obstacle, ce qui prouve que la question ne relève pas de formalité, mais une décision politique d'empêcher le parti Alternative Démocratique de participer au prochain rendez-vous électoral.

Selon vous, quels sont les motifs du ministère de l’Intérieur ?

Nous nous posons la même question. En revenant vers la loi et l’esprit de la Constitution, nous nous trouvons en parfaite harmonie avec ces textes. Nous ne présentons pas une menace pour l’ordre public et nous ne sommes pas des extrémistes. Toutes les mises en garde de la loi ne se présentent pas dans notre cas. Nous sommes une formation politique normale, mais peut-être notre jeune dynamisme, non-contrôlée par une tierce partie et qui refuse cette biplorisation politique (deux pôles : PJD et PAM, NDLR), est l’une des raisons qui font que nous sommes en dehors du paysage électoral que l’Intérieur veut imposer.

Quelle sera la prochaine étape ?

C’est vraiment odieux ce que vivent les militantes et les militants de notre parti, qui estiment que leur citoyenneté est inachevée et incomplète. Je vous parle avec beaucoup d’amertume, parce que nous sommes privés de l’un des plus simples droits fondamentaux. Lorsque nous demandons un document administratif qui nous revient de droit, on refuse de nous l’accorder.

Passer à une phase d’escalade n’était pas dans nos intentions, mais face à l'intransigeance du ministère de l'Intérieur et le non-respect de la Constitution, des lois, et des Hautes instructions royales, il s’avère qu’il s’agit d’un lobby au sein du département de l’Intérieur qui veut que le Maroc revienne des années en arrière en ce qui concerne la pratique politique.

Nous adhérons très obstinément à notre droit à la création de notre parti. Ils veulent nous empêcher de participer aux élections, mais nous allons continuer. Notre parti, qui est une jeune formation politique, une idée à laquelle ont adhérées plusieurs personnes. Etre fidèle à sa cause est, dans le monde politique, l’une des armes les plus puissantes.

Qu’en est-il de la solidarité des autres formations politiques et des associations des droits de l’Homme ?

Malheureusement, à l'exception de la lettre adressée par notre confrère Hassan Tariq au ministre de l’Intérieur, et les déclarations de quelques personnalités, à l’instar de l’avocat Omar Benjelloun et le maître Khalid Sefiani, le mouvement de solidarité reste très faible. Un constat qui soulève des questions sur l'indépendance de la scène politique aujourd'hui au Maroc. Est-ce que nous sommes devant des formations politiques réelles ? Ou est-ce que leurs guéguerres sont purement des batailles électorales et non pas des combats pour construire l'Etat de droit ?

Nous nous posons aussi la question de savoir comment le chef du gouvernement voit la démocratie qui se fait assassiner dans le cas de notre parti et ne daigne pas réagir, alors qu’il évoque une mainmise (Tahakoum) dans presque tous ses discours ?

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