La ministre déléguée chargée de l’Environnement a été, à son corps défendant, la vedette de la séance des questions orales à la Chambre des représentants cet après-midi. Sept questions, émanant de groupes de la majorité et de l’opposition, sur l’affaire des déchets étaient à l’ordre du jour. Dans sa réponse, Hakima El Haité a parlé d’«alternatives industrielles» destinées à «être valorisées» au Maroc, soulignant que la cargaison de 2.500 tonnes est conforme à la «Convention de Bâle de 1995».
La ministre a répété que son département a reçu 19 documents de la part de l’exportateur italien garantissant la «non-dangerosité» des déchets. «Une étape suivie par des analyses réalisées par un laboratoire agrée auprès de l’Union européenne, hors d’Italie, pour vérifier celles de la partie italienne», a-t-elle enchainé.
Dans sa plaidoirie, Mme El Haité a vanté les mérites de l’incinération des déchets au Maroc, estimant qu’elle participe à la politique du gouvernement de réduire la dépendance à l’énergie fossile.
Des «tirs-amis» de la part des députés PJD
Force est de constater que les arguments énoncés par la ministre n’ont guère convaincu les députés islamistes. Durant plus d’une quarantaine de minutes de débat, parfois houleux, la ministre de l’Environnement était isolée. Les députés du PJD, endossant la casquette de l’opposition, se sont complétement désolidarisés avec Mme Hakima El Haité, issue du Mouvement populaire, une composante de la majorité.
Abdellah Bouanou a même demandé le renvoi immédiat de la cargaison des 2.500 tonnes de déchets vers leur pays d’origine sans attendre les conclusions du rapport d'un laboratoire de l’UE. «C’est une question de souveraineté», a-t-il précisé. D’autres élus de la Lampe ont exprimé la même position, déplorant que la ville de Safi ne mérite pas de devenir une «décharge» pour déchets italiens. Et de rappeler que la région souffre déjà des conséquences du transfert du projet industriel chinois vers Tanger.
La position des PJDistes n’étonne pas. Elle n’est qu’une expression de plus des relations conflictuelles entre la ministre déléguée de l’Environnement et son supérieur hiérarchique le ministre Abdellah Amara issu du parti la Lampe.
Au terme du débat, Mme Hakima El Haité s’est dite favorable à la constitution d’une commission d’enquête parlementaire sur cette affaire.