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Grand Angle

Japon : Hamza Louizi, le seul Marocain de la Ritsumeikan Asia Pacific University [Portrait]

Fondée en 2000 à Oita, au Nord-Est du Japon, la Ritsumeikan Asia Pacific University réunit pas moins de 92 nationalités. Après les Japonais, les étudiants coréens et chinois sont les plus nombreux. 30% des étudiants viennent de Corée, 20% de Chine, tandis que le reste vient d’un peu partout à travers la planète. Ce dernier est majoritaire constitué d’Américains et d’Européens. Mais on y trouve aussi…un Marocain : Hamza Louizi. L’étudiant de 22 ans est en 3ème année de Bachelor spécialité Finance.  Et dans cet univers japonais, il ne manque pas de laisser l’empreinte de son passage. Portrait d’un rbati fier de l’être.

Publié
Hamza Louizi et le Dr Sakamoto, fondateur de la Ritsumeikan Asia Pacific University.   Photo/H.L.
La Ritsumeikan Asia Pacific University à Oita, au Japon.
Lors d'un cours à l'Université il y a 3 semaines.
Avec son ami Lyu Won, à qui il a fait découvrir le Maroc en 2014.
Ils ont visité Casablanca, Rabat , Marrakech et même le Sahara.
Hamza fait la une du journal de la préfecture d'Oita, après avoir enseigné la calligraphie arabe à des élèves.
Des petits japonais apprennent avec enthousiasme à écrire en arabe.
Un petit cours de cuisine avec une association dédiée aux au soutien des personnes âgées. Atelier du thé marocain.
Atelier du tajine de sardines.
Hamza est aussi, à sa façon, collectionneur de couvertures de passeports.
Il a déjà tenu en main les passeports de 107 pays sur les 197 membres de l'ONU.

Comme les années précédentes, Hamza Louizi va passer l’Aid El-fitr en classe face à ses enseignants, cahier sous les yeux et stylo en main. Même en soirée, impossible de partager un repas avec les amis musulmans, car tous sont à fond dans les préparatifs des examens de fin d’année. «C'est le prix à payer. On n’est pas dans un pays musulman», confie le jeune homme qui refuse de se plaindre.

Né à Rabat le 21 juillet 1994, Hamza est l’ainée de sa famille. Il a deux sœurs et un frère avec qui il passe une enfance tranquille dans la capitale. C’est au début de son année de Terminale qu’il tombe un jour de septembre 2012 sur le site web de la Ritsumeikan Asia Pacific University. «Je naviguais. D’habitude, je ne m’intéresse pas aux bannières publicitaires affichées sur Google. Mais ce jour-là, j’ai cliqué», explique le jeune homme.

Intéressé, Hamza soumet sa candidature. Trois mois plus tard, en décembre, il reçoit son admission, conditionnée par l’obtention de la mention «Très bien» au Baccalauréat. L’élève travaille alors d’arrache-pied pour garantir sa place. Et tout est bien qui finit bien, il obtient son Baccalauréat Sciences et mathématiques en juin 2013 avec la mention «Très bien».

Un an pour s'intégrer

Trois mois plus tard, Hamza dépose ses valises à Oita, au Nord-Est du Japon, et démarre ses études à la Ritsumeikan Asia Pacific University, une prestigieuse université privée dont 55% des étudiants sont japonais et le reste issus de 91 pays. 30% d’entre viennent de Corée, 20% de Chine et le reste de partout à travers le monde, surtout d’Amérique et d’Europe. Dans cet univers multiculturel, Hamza se plait. Mais il n’en était pas de même lors de ses premiers contacts avec les Japonais. «Au Maroc, la culture est proche de la civilisation occidentale en raison notamment de l’histoire coloniale et la proximité géographique. Mais au Japon, c’est totalement différent. Les gestes, les termes, les expressions ont un tout autre sens», explique l’étudiant qui a mis une année à étudier la culture de son pays d’accueil et même sa langue. «Ah le japonais ! Ce n’était pas facile au début. Que tu ailles à la banque, à la poste ou au supermarché, on ne parle que ça», relève le jeune homme qui s’exprime aujourd’hui aussi couramment que n’importe quel autochtone.

L’autre point de malaise a été la cuisine. Friand de tajine de bœuf aux légumes et de coucous bien cuisinés à la marocaine, Hamza a dû s’adapter à une alimentation à base de riz. «C’était super difficile», se souvient-il avant d’ajouter: «la cuisine étant une des composantes essentielles de transmission de la culture japonaise, je me suis adaptée».

Vendre la culture marocaine au Japon

Ainsi au terme de sa première année, Hamza était devenu au Japon tel un poisson dans l’eau. Il avait pris ses marques, s’était fait des amis, et même «de très bons». C’est d’ailleurs au cours de cette année qu’il a fait la rencontre de Lyu Won, un collègue coréen à qui il a fait découvrir le Maroc en août 2014. «Nous avons visité Casablanca, Rabat et Marrakech, nous sommes allés dans le désert. C’était trop cool», se souvient le jeune étudiant qui en dehors des cours n’hésite pas à retrouver ses amis, quand il ne travaille pas dans un supermarché d’Oita où il est caissier à temps partiel.

Pleinement intégré, Hamza ne manque pas les occasions de transmettre sa culture marocaine  aux Japonais. Plus récemment en janvier 2016, il a fait la une du journal de la préfecture d’Oita après avoir donné un cours de calligraphie arabe à des élèves du primaire dans le cadre d’activités organisées par la municipalité. «C’était une très belle expérience. Les enfants étaient très intéressés», commente-t-il. En février, le jeune étudiant donnait des cours de cuisine marocaine à une association pour le support des personnes âgées. Au menu : tagine de sardines. La séance de dégustation était assortie d’une présentation du Maroc. «Ils ont adoré. Pour moi, c’est une fierté de parler de mes origines», confie-t-il.

Passionné de culture arabe, Hamza est un adepte de sa musique, «surtout Lotfi Bouchnak», sa poésie –son préféré étant Ahmed Matar- mais aussi tout ce qui est ouvrage d'analyse politique sur le monde arabe en général et le Maroc en particulier. D’ailleurs le dernier bouquin qu’il a récemment dévoré abordait la Constitution de 2011.

Caractérisé en outre par une «curiosité infernale», le jeune homme aime «collectionner les couvertures de passeport». Sa méthode, prendre ses selfies avec les passeports de ses amis ou des personnes qu’il rencontre lors de ses voyages. «Mon objectif est d’arriver un jour à la à la conclusion d’avoir rencontré le monde», décrypte le jeune homme qui marque au fur et à mesure ses «avancées» sur une carte du monde. Actuellement, il est à 107 pays sur les 197 membres de l’ONU.

Objectif retour au Maroc

Jusqu’à fin juillet, Hamza est encore concentré à l’école, pour terminer en beauté son bachelor, avec en passant un stage à Bank Al Maghrib. La suite de son histoire, le jeune Marocain l’écrira à Singapour, où il a été admis pour un master en Ingénierie financière. Pour l’instant, il pense à acquérir de l’expérience en Asie pendant quelques années après ses études, pour ensuite rentrer au Maroc.

«Mon pays natal est la source de mon identité. Je lui dois beaucoup et j’aimerais bien le servir à la hauteur de ce qu’il m’a donné», affirme le jeune étudiant rejetant cependant toute prétention. «J'aime beaucoup cette parole de Gandhi : “soit le changement que tu veux voir dans le monde”. Ceci dit au-delà du côté pratique, si j'arrive à fonder une famille sur les principes du patriotisme, le respect et l'amour envers ses origines (langue, identité…) je crois que j'aurais fait quelque chose de significatif pour le Maroc».

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