Larossi Abballa s’est-il radicalisé sur la nébuleuse internet ? Si l’auteur du meurtre d’un policier et de sa femme survenu lundi 13 juin au soir à Magnanville (Yvelines) semble avoir initialement façonné son radicalisme religieux sur la Toile, c’est en prison, lors d’une détention préventive entre le 14 mai 2011 et le 30 septembre 2013, que le jeune homme aurait achevé de cultiver le terreau du terrorisme islamiste. Ce Français d’origine marocaine, d’après La Vanguardia, y a en effet séjourné trois ans pour avoir participé à une filière djihadiste entre la France et le Pakistan.
Décrit auprès de l’Obs comme un «agitateur» par une source proche du dossier, il fait l’objet de plusieurs transferts dans diverses maisons d’arrêt au cours de sa détention. Sa radicalisation, à partir de 2012, n’échappe pas au radar des services de renseignements pénitentiaires de la maison d’arrêt d’Osny (Val d’Oise).
Ces derniers signalent en effet son «prosélytisme d'islamisme radical», indique le procureur de la République de Paris, François Molin. Larossi Abballa met ainsi un pied à l’étrier dans la mouvance islamiste carcérale, avec laquelle il se sent très vite à l'aise.
«Il voulait faire le djihad »
En 2013, il est finalement condamné à trois ans de prison dont 6 mois avec sursis pour «association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes». Ayant déjà effectué sa peine pendant sa détention préventive, il est relâché avec mise à l’épreuve, placé sous surveillance par la Sous-direction antiterroriste (STAT).
«Il voulait faire le djihad, c'est certain. Il s'était entraîné en France non pas militairement, mais physiquement. Mais concrètement, à l'époque, à part ses mauvaises fréquentations et quelques joggings pour entretenir sa forme, il n'y avait pas grand-chose à lui reprocher au strict plan des poursuites pénales», raconte le juge d’instruction anti-terroriste Marc Trévidic au Figaro, qui l’avait placé en examen, et dont il dresse brièvement le profil : «Un bonhomme comme il en pullule dans les dossiers islamistes, imprévisible, dissimulateur.»
Le 30 septembre 2013, interrogé à la barre du tribunal correctionnel de Paris dans le dossier sur l’alimentation des filières djihadistes à cheval entre la France et le Pakistan, Larossi Abballa déclare, selon Le Monde : «Mon histoire, c'est celle de tout le monde ici. J'avais besoin de reconnaissance, je ne travaillais pas et je venais de rater mon CAP. On a alors commencé à me parler de religion, j'y ai trouvé mon réconfort», précisant qu'Internet avait «programmé» sa radicalisation.