Le ministère espagnol de la Défense est préoccupé par les menaces qui pèsent sur la stabilité de son pays. Une mission qu’il a confiée au think-tank de l’Institut espagnol des études stratégique (IEES). La dernière livraison de l’instance énumère un certain nombre de dangers d’origines interne et externe. L’étude a été confiée au capitaine de la marine et sous-directeur de l’IEES, Ignacio García. Bien entendu, le Maroc figure sur la liste des «cygnes noirs» au même titre que l’indépendance de la Catalogne. Prophéties apocalyptiques ou simples divagations d’un militaire qui joue aux Cassandres, ces prévisions méritent d’être rapportées.
Un scénario à la libyenne
Dans le cas du royaume, García avance que le roi Mohammed VI pourrait être victime d’un attentat terroriste perpétré par Daesh, créant le chaos au Maroc. Le capitaine va même jusqu’à parler d’une «guerre civile» entre des groupes armés rivaux représentant Daesh, AQMI et des membres infiltrés du Polisario. Dans l’ensemble c’est un scénario à la libyenne que décrit là Ignacio García.
Comme dans le cas de l’Irak et de la Syrie, cette situation, poursuit-il, pourrait bénéficier aux réseaux de trafic d’êtres humains pour organiser des arrivées massives de migrants fuyant le Maroc d’abord vers les enclaves de Melilla, Ceuta et les îlots occupés par l’Espagne en Méditerranée et revendiqués par le Maroc. La vague devrait ensuite toucher les côtes andalouses. La présence de milliers de réfugiés en provenance du Maroc menacerait la cohésion sociale dans ce pays, affirme García.
Impact sur l'Espagne
Si un pareil scénario devait se réaliser, il met en garde contre les tensions sociales entre les Espagnols de souche et les Marocains fraichement installés, contre la montée de l’extrémisme et le risque d’actes terroristes. Ce qui porterait un sérieux coup à l’une des principales activités économiques du voisin du nord : le tourisme. Le marché de l’emploi et le PIB perdraient 10% chacun, selon les prévisions du capitaine de la marine.
Véritable chantre d’une armée forte en Espagne, Ignacio García est connu pour développer des analyses sur les défis auxquels doit faire face son pays. Au lendemain des attentats de Paris du 13 novembre 2015, il avait publié une tribune alertant de la forte concentration des musulmans en Catalogne. A l’époque, il n’avait pas intégré le Maroc dans la liste des menaces guettant la stabilité de l’Espagne. On peut dire qu’il est doué pour les scénarios noirs.