Les relations de plus en plus crispées entre les Etats-Unis et certains pays arabes, dont le Maroc et l’Arabie Saoudite, constituent une belle opportunité pour la France. Si Washington semble se détourner de ses anciens alliés dans la région, Paris consciente des enjeux économiques et stratégiques qu’elle pourrait en tirer a immédiatement saisi l’occasion pour plaider la cause de ces Etats sur la scène internationale.
Un rôle qu’elle a notamment assumé dans le cas du Maroc au Conseil de sécurité en mars et avril au grand dam de Ban Ki-moon et de Washington. La France continue sur la même voie en défendant les pays de la coalition arabe conduite par le royaume wahhabite dans l’affaire de la liste noire du secrétaire général sur les violeurs des droits des enfants en temps de guerre.
Pour la 2e fois, Paris déçoit Ban Ki-moon
La France, qui assure pendant ce mois la présidence tournante du CS, a une nouvelle fois déçue le Sud-coréen. Lui qui espérait un franc soutien des Quinze dans sa dispute avec les membres de l’alliance militaire arabe est rentré bredouille. Il avait pourtant pris le soin de préparer le terrain. Quelques heures avant une réunion du Conseil de sécurité consacrée à ce sujet, il avait déclaré que «la décision d’annuler l’inscription de la coalition de la liste noire des pays ne respectant pas les droits de l’enfant a été l’une des plus douloureuses et difficiles décisions (...) jamais prises». Un appel à l'aide qui n'a pas été entendu.
A New York, le chef de la diplomatie française a prôné, en revanche, l’ «apaisement». Une ligne de conduite qui a convaincu les autres membres du CS. "Je pense qu'il s'agit de tout faire pour apaiser" cette controverse et pour «aider l'ONU à assurer ses missions», a déclaré Jean Marc Ayrault lors d’un point de presse. «La France peut faire passer aussi des messages et elle le fait (…) Il nous est arrivé d'aider à trouver des solutions lorsque des tensions émergeaient entre certains pays et l'ONU». Une allusion claire à la crise entre le Maroc et Ban Ki-moon.
Comme dans le cas du Maroc, l’inscription à la dernière minute de la coalition arabe dans la liste noire du secrétaire général de l'ONU n'aurait pu se faire sans une coordination au préalable avec l’administration Obama. En octobre 2015, Amnesty avait accusé dans un rapport la force arabe opérant au Yémen de «crimes de guerre», mais sans susciter de réactions de la part de Ban Ki-moon. Aux moments des faits, la tension entre Ryad et Washington n’avait pas atteint le niveau actuel. Le 17 mai, le Sénat américain avait adopté une proposition de loi autorisant les familles des victimes des attentats du 11 septembre 2001 à poursuivre en justice l’Arabie Saoudite pour son rôle supposé dans l’attaque.