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Grand Angle

Embauche de contractuels : Le gouvernement cède à la pression des syndicats

Pour une fois la pression des syndicats a eu raison de la détermination du gouvernement. L’adoption, prévue ce jeudi, du projet de décret ministériel légalisant le recrutement de contractuels a été reportée.

Publié
Mohamed Moubdiî et Abdelilah Benkirane / DR
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Le cabinet Benkirane a cédé -provisoirement- à la pression des syndicats et de la société civile. Le conseil de gouvernement du jeudi 9 juin a décidé de reporter à une date ultérieure l’adoption du projet de décret ministériel autorisant les ministères à employer des contractuels pour une durée déterminée ne dépassant pas quatre années à titre d’«experts» ou de «collaborateurs».

Le texte a limité le nombre des premiers cas à 12 recrues. Leurs salaires pouvant atteindre les 40 mille dh par mois voire même plus, assure des sources syndicales. Des effectifs qui s’ajoutent aux cinq conseillers accordés depuis 1975 aux ministres pour les aider à accomplir leurs missions.

Pour la catégorie des «collaborateurs», leur nombre n’est pas plafonné. Chaque département a la latitude de puiser dans la «réserve» des postes budgétaires vacants à l’heure de l’opération d’embauche et ce en concertation avec le ministère des Finances et la présidence du gouvernement. Pour les «collaborateurs» le concours n’est pas une condition sina qua non pour être engagés.

Levée de bouclier des syndicats

Avant même son examen par le cabinet Benkirane, plusieurs syndicats sont vent debout contre le décret préparé par le ministre de la Fonction publique et la modernisation des secteurs publics, Mohamed Moubdiî. La Confédération démocratique du travail de Noubir Amaoui a ouvert le bal des opposants, soulignant que le texte «porte atteinte à l’un des fondements de la structure administrative de l’Etat» et à «la stabilité professionnelle de l’ensemble des fonctionnaires dans tous les différents secteurs de la fonction publique».

Même son de cloche auprès l’Organisation démocratique du travail, sur laquelle le PAM a mis récemment la main. L’ODT a estimé que le décret «est un nouvel épisode dans le processus de destruction de la fonction publique».

Des griefs qui portent sur les larges pouvoirs attribués aux ministres dans l’opération de la sélection des profils. Ce qui laisse, selon elles, la porte grande-ouverte à tous les dérapages. Et d’avertir que les contractuels seraient choisis parmi les proches des ministres, des membres de leurs partis ou des fils et des filles de nantis. Une autre forme de rente qui devrait bénéficier à quelques personnes.

En réalité le projet de décret de Moubdiî ne constitue pas une nouveauté dans le paysage administratif marocain. Il devrait seulement donner une couverture légale à des opérations qui se déroulent en catimini. Souvent des ministères et les deux Chambres du parlement font appel à certaines «compétences», issues du monde des droits de l’Homme et des structures partisanes sous le titre de «chargé de mission» ou  pour «préparer une étude» avec des salaires conséquents.

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