«Nous attendons toujours la prochaine décision de la Cour de justice», a déclaré le ministre de l’Agriculture Aziz Akhannouch dans un entretien avec le site Euractiv, ajoutant que ce verdict est «très important».
Cela fait plus de trois mois que le Conseil de l’Europe a fait appel de l’annulation partielle de l’accord agricole Maroc-UE, arrêtée en décembre 2015 par le tribunal de l’UE. Un incident «inattendu» qui avait fâché au plus haut point Rabat. Mais depuis la prise de position de la Haute représentante de l’Union, Federica Mogherini, la tension s’est estompée. Elle avait en effet défendu la coopération bilatérale affirmant qu’«aucune règle de droit international n’empêche l’UE de signer avec le Maroc des traités incluant aussi le Sahara».
Impatience
Aziz Akhannouch a rappelé la première place «primordiale» qu’occupe l’Union dans le cercle des partenaires du Royaume, en tant que premier marché pour ses produits agricoles, et qu’en raison de cela, le rétablissement définitif de la coopération est impératif. D’autant plus que, souligne le ministre, cette annulation partielle de l’accord fâche au sein de la profession, surtout au Sud du pays. Et il réitère la détermination de Rabat à défendre les intérêts économiques de l’ensemble de son territoire. «Nous considérons que le secteur de l'agriculture dans toutes les régions, y compris le sud du Maroc, est un facteur majeur de développement dont nous avons besoin pour sauvegarder et préserver le niveau de vie de cette population [...]», a-t-il déclaré, ajoutant que le Royaume dispose d’une stratégie nationale de développement «unique pour l'ensemble du pays».
Au Sud du Royaume en effet, les agriculteurs souffrent de l’annulation de l’accord agricole, selon la Fédération interprofessionnelle des fruits et légumes (Fifel). «Ils ne peuvent plus exporter leurs produits vers l’UE, alors que jusque-là tout se passait bien», regrette le porte-parole, Mounir Omar, dans un entretien avec Yabiladi. «Les professionnels du Sud sont ainsi pénalisés, pourtant les autorités européennes ne peut pas dire qu’en établissant les clauses de l’accord, il ne savait pas que le territoire marocain y était entièrement inclus. Ce ne sont pas des gamins». ajoute-t-il.
A la Fédération, on réitère ce que de nombreux experts ont déclaré dès le déclenchement de la crise : «C’est un problème politique qui n’a rien à voir avec l’économie». Tout comme leur ministre, les professionnels attendent impatiemment une décision favorable de la Cour de justice européenne, estimant que cela ne ferait que rétablir le royaume dans ses droits.