La visite du 17 au 23 mai au Maroc d’Ira Forman, l’envoyé spécial américain de surveillance et de lutte contre l’antisémitisme, est passée presque inaperçue. Les médias publics ont complétement boudé les activités et les déplacements de l’émissaire. Même ses entretiens du 19 mai avec le ministre des Affaires islamiques, n’ont eu aucun écho.
Ca sera d’ailleurs la seule réunion inscrite dans un cadre officiel avec un membre du gouvernement Benkirane. Mais Forman a pu avoir des discussions privés avec les ministres (Amine Sbihi à la Culture et Lahcen Daoudi à l’Enseignement supérieur) ayant pris part, le 18 mai, à la soirée organisée, au siège de la Bibliothèque Nationale et placée sous le Haut patronage du roi Mohammed VI, par le conseil des communautés israélites au royaume sur le thème : «Regards sur le judaïsme au Maroc».
Forman visite des synagogues et rencontre des jeunes
Le timing de la soirée de Rabat n’était pas fortuit, il a coïncidé avec le deuxième jour de la visite d’Ira Forman au Maroc. Une occasion idoine pour les représentants de la communauté juive et des ministres, Ahmed Taoufiq et Amine Sbihi, de louer dans leurs discours la cohabitation pacifique entre musulmans et juifs et les efforts de la monarchie pour sauvegarder le patrimoine juif.
Le programme de l’envoyé du Département d’Etat contre l’antisémitisme comptait également des réunions avec des figures locales du judaïsme, tels Serge Berdugo, ambassadeur itinérant, et David Toledano, le président de la communauté juive de Rabat. Forman a visité des synagogues de la capitale et de Salé. Avant la grande vague de l’immigration durant les années 50 et 60, ces deux villes abritaient chacune un Mellah. L’ancien ministre israélien des Affaires étrangères David Levy (du 13 juin 1990 à 13 juin 1992) habitait dans une maison du Mellah de Rabat. L’émissaire américain a, par ailleurs, rencontré des jeunes de l’association Mimouna.
Mais dans l’ensemble, les six jours de Ira Forman au Maroc ont sérieusement pâti de la crise entre les hautes autorités du royaume et le Département américain d’Etat, marquée notamment par la convocation de l’ambassadeur Dwight Bush par le ministre délégué aux Affaires étrangères, Nasser Bourita, et le chef de la DGED, Yassine Mansouri.