«Nous sommes absolument en colère et très agacés parce que ces gens qui se suicident à la bombe ne font pas partie de l'islam et ils ne sont même pas musulmans. Ce sont tout simplement des terroristes qui ont reçu un lavage de cerveau», a déclaré Azhar Shah, président de Saath Saath, une organisation musulmane créée il y a 25 ans et réunissant aujourd’hui 3 000 membres, rapporte la presse britannique.
De quoi perpétuer les stéréotypes
Ces musulmans sont ainsi remontés contre la manière dont la police s’y est prise dans un exercice antiterroriste réalisé lundi soir dans un centre commercial fermé pour l’occasion. En présence d’environ 800 figurants, un homme est apparu tout de noir vêtu, cagoule sur la tête, et a crié «Allah o Akbar» avant que la fausse bombe n'explose. L’exercice était ainsi une simulation d’un attentat visant à entrainer les forces de l’ordre à la gestion efficace de ce type d’attaque.
Plusieurs autres organisations musulmanes expriment également leur mécontentement. Mais elles ont toutes tenu à préciser qu’elles ne s’opposent pas à l’exercice en lui-même, l’estimant d’ailleurs «nécessaire» à l’heure de la menace terroriste. Mais ce que les musulmans n’approuvent pas, c’est l’assimilation du terrorisme à l’islam qui ressort de l’utilisation de l’expression «Allah o Akbar». «En utilisant cette expression [dans un acte de terreur], les musulmans du monde entier sont associés au terrorisme, alors qu’il s’agit d’une expression noble prononcée dans nos prières», estime le Conseil musulman de Grande Bretagne. «Les efforts de lutte contre le terrorisme ne doivent pas être entravés par la perpétuation des stéréotypes contre les musulmans», ajoute-t-il.
Excuses de la police
Face à la vague de critiques, sur les réseaux sociaux notamment, le chef de la police a présenté ses excuses à la communauté. «Après réflexion, nous reconnaissons qu'il est inacceptable d'utiliser immédiatement cette phrase religieuse avant l'attentat-suicide simulé, qui lie donc vocalement cet exercice à l'islam. Nous reconnaissons et nous nous excusons pour la gêne que cela a causée», a-t-il déclaré, soulignant toutefois que l’exercice était basé sur les attaques menées par Daesh.
L’ONG Saath Saath, quant à elle, juge les excuses insuffisantes, car elle ne «répareront pas les dommages causés» à la communauté. «Nous avons besoin d'une enquête sur cette question et les responsables devraient être licenciés ou démissionner», demande le président.