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Grand Angle

Marine Le Pen ne peut pas jouer les juifs contre les musulmans

La stratégie de dédiabolisation du Front National a réussi à convaincre de nouveaux électeurs juifs en 2012. Avec l’Union des patriotes français juifs, il veut en attirer encore plus en 2017, mais le rapport 2015 sur le racisme du CNCDH montre que les proches du Front National font preuve d’un antisémitisme bien supérieur à la moyenne alors que les musulmans sont eux-mêmes moins antisémites que les catholiques.

Publié
Marine Le Pen, présidente du Front National tend les bras aux Français juifs. (c)Patrick Kovarik/AFP
Temps de lecture: 3'

Marine Le Pen joue les juifs contre les musulmans, mais ça ne  marche pas. Fin avril, Michel Thooris, juif et membre du comité central du Front National, fonde l’Union des patriotes français juifs dans le but avoué de rapprocher les juifs du Front. Il prévoit notamment de demander son adhésion au CRIF. «Ce sera intéressant de voir la position du CRIF, on va le mettre face à ses responsabilités. Le CRIF est dans la dénégation vis-à-vis du vote FN des Français juifs, on va lui montrer que sa politique de l’autruche ne sert à rien », déclare-t-il alors auprès de Libération.

Cette nouvelle association n’a d’autres fonctions que de relayer le discours de Marine Le Pen, en rupture avec le vieil antisémitisme de son père. «Je ne cesse de le répéter aux Français juifs, qui sont de plus en plus nombreux à se tourner vers nous, disait Marine Le Pen à Valeurs Actuelles en 2014. Non seulement, le Front national n’est pas votre ennemi, mais il est sans doute dans l’avenir le meilleur bouclier pour vous protéger face au seul vrai ennemi, le fondamentalisme islamiste.»

«Le Front national n’est pas votre ennemi»

La stratégie de dédiabolisation de Marine Le Pen a déjà connu un certain succès parmi les juifs français. Ils étaient 13,5% à voter FN en 2012, contre 4,7% en 2007. Si cette part a doublé, elle reste encore inférieure presque de moitié à la moyenne nationale.

«Le Front National n’est pas votre ennemi», assure Marine Le Pen, pourtant, le rapport 2015 sur La Lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie du CNCDH rendu publique le 5 mai 2016, montre une autre réalité : la dédiabolisation du parti ne s’opère qu’en surface. «Les contrastes sont encore plus frappants en termes de proximité partisane : 55 % des proches du FN ont des scores élevés d’antisémitisme et 47 % des proches de Les Républicains, contre 25 % chez les proches du Front de gauche», révèle les auteurs du rapport.

‘Les ennemis de mes ennemis de sont [pas] mes amis’

Marine Le Pen voudrait jouer de la peur du fondamentalisme musulman présent au sein de la communauté juive pour désigner par amalgame les musulmans comme un ennemi commun, selon le principe inversé : ‘les ennemis de mes ennemis sont mes amis’. Pourtant, non seulement, la majorité des sympathisants FN restent antisémites, mais en plus dans toute la société française les racismes antisémites et islamophobes ne s’opposent pas : ils vont de pairs. Etre islamophobe n’a jamais empêché d’être aussi antisémite, bien au contraire.

«On peut construire une échelle globale d’ethnocentrisme, où le rejet des juifs va de pair avec celui des musulmans, des étrangers, des immigrés, indique le rapport, en fait, l’antisémitisme tel que le mesure notre échelle est même plus corrélé avec l’échelle de rejet des immigrés qu’avec l’image d’Israël ou la vision du conflit israélo-palestinien.»

1% des musulmans a une image négative du judaïsme

Enfin, l’étude montre également que contrairement à ce que suggère régulièrement Marine Le Pen, les musulmans ne sont pas plus antisémites que les autres. «La religion juive est à la fois bien perçue par les catholiques pratiquants (74 %) et par les musulmans (71 %). 24 % de ces derniers en ont une image neutre, 1 % une image négative (4 % ne se prononcent pas)», révèle le rapport.

Certes, de sa perception déclarée du judaïsme, à la réalité de ses sentiments, il y a un pas, mais ce sont les catholiques (plutôt non pratiquants) qui le franchissent les premiers. En recoupant les opinions et préjugés sur différents sujets, le CNCDH détermine que «globalement les catholiques se montrent un peu plus antisémites que la moyenne, suivis par les fidèles d’une autre religion, et les moins antisémites sont les personnes qui se déclarent sans religion (respectivement 45, 43 et 38,5 % de scores élevés)», indique le rapport ; contre 42% pour la moyenne nationale.

Les actes antisémites et islamophobes évoluent en parallèle

En 2015, les actes islamophobes ont explosé en tout début d’année, sans doute liés à l’attentat de Charlie Hebdo. Au même moment, le nombre d’actes antisémites augmentait, suivant exactement la même évolution l’an dernier, sans qu’il soit possible de faire de liens entre ce même attentat et l’antisémitisme en France.

« Les actes, qui cumulent les actions et les menaces, obéissent à une logique d’imitation et de contagion : ils sont très médiatisés. Cette médiatisation donne des idées aux petits délinquants en tout genre, habitués aux actes de violence et de dégradation de bien. Avoir une cause, quelle qu’elle soit, ennoblit leur acte, leur donne une légitimité », explique Nonna Mayer, politologue, directrice de recherche émérite au CNRS, à Yabiladi.com.

Il serait hasardeux, pourtant de dire que ceux qui agressaient des musulmans et salissaient des mosquées en janvier et février, étaient les mêmes que ceux qui agressaient des juifs et souillaient des synagogues. « Rien ne permet de penser que ce sont les mêmes […], sauf pour les auteurs liées à l’extrême droite et aux cercles néo nazis, indique-t-elle. Il y a par ailleurs des différences de localisation géographiques qui interdisent l’assimilation de ces deux séries d’actes : un nombre très important d’actes islamophobes et anti-arabes, mais pas antisémites, ont eu lieu en Corse, par exemple », ajoute Nonna Mayer. En Corse, en 2015, il y a ainsi eu un acte antimusulman pour 18 000 habitants ; la plus forte proportion en France.

De fait, « les actes antisémites sont plus fréquents là où les deux groupes - juifs et personnes issues de l’immigration du Maghreb et Afrique subsaharienne – sont à la fois importants, visibles et en contact. La région parisienne qui a la plus forte présence juive recense ainsi 53% des actes antisémites. Il peut y avoir des quartiers, des cités, en banlieue, ou des jeunes issus de l’immigration cumulent les facteurs prédisposant à ce types d’actes de délinquance voir criminalité : pas d’emploi, familles déstructurées, environnement dégradé, trafics divers… », rappelle la politologue.

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Comique?
Auteur : malcomix_22533
Date : le 14 mai 2016 à 17h04
Et les juifs se sont de doux agneaux amoureux des arabes peut être?

Tu racontes n'importe quoi en disant que les musulmans sont en majorité racistes anti juifs. Il y a de nombreux musulmans anti sionistes là je suis d'accord, mais le sionisme et le judaïsme sont 2 choses différentes.

Les juifs ont trouvé dans le passé refuge dans le monde musulman alors qu'ils fuyaient une europe catholique bien peu tolérante à leur égard çà c'est une réalité historique. Mohammed 5 a protégé les juifs quand la France de Pétain collaborait avec les nazis.
étude comique
Auteur : Karim Marseille
Date : le 12 mai 2016 à 15h45
Cette étude est complètement bidon. La très grande majorité des musulmans est raciste anti-juifs et ne s'en cache pas en le revendiquant très fort.
A coté, les électeurs FN et les catholiques sont de doux agneaux.
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