L’enseignement catholique flamand souhaite compter plus d'élèves musulmans dans ses écoles. Elle étudie déjà le projet d’un modèle scolaire plus ouvert et surtout plus inclusif des autres religions, rapporte ce mercredi, De Morgen repris par la presse belge.
«C'est un projet ambitieux. L'objectif est d'utiliser le modèle des écoles de dialogue pour attirer davantage d'élèves de confession musulmane, mais aussi de renforcer l'identité catholique. Nous voulons que les écoles réfléchissent activement à la manière dont elles travaillent l’aspect de la pluralité On peut beaucoup apprendre de l’autre afin d’en apprendre plus sur soi-même », détaille Lieven Boeve, du Katholiek Onderwijs Vlaanderen sur les ondes de la radio VRT.
L’approche sera forcément différente pour convaincre des parents musulmans à inscrire leurs enfants dans des écoles catholiques. « Il n’est plus question de chercher à convertir les musulmans ou les personnes ayant une autre confession. Nous n'allons pas mélanger les religions, mais dans une école de dialogue, il y a par exemple de la place à côté d'une chapelle pour une salle de prière pour les musulmans ou le voile. Les musulmans doivent jouir de leur droit, même si la tradition chrétienne ne sera pas perdue de vue », ajoute Didier Pollefeyt, de la KU Leuven.
Dans le détail, près 22.000 écoles du dialogue pourraient voir le jour selon Lieven Boeve. En signe du dialogue qu’elles vont promouvoir, elles devront rivaliser de créativité pour établir des règles de fonctionnement respectueuses de tous les cultes. Elles n’interdiront pas par exemple les signes religieux comme c’est déjà le cas dans l’enseignement officiel flamand. Ces écoles du dialogue pourraient proposer des cours de Coran ou de religion islamique au sein de l’enseignement catholique.
Proposition critiqué
A peine annoncée que la proposition fait couler beaucoup d’encre et de salive. Le porte-parole de l’évêque d’Anger, Olivier Lins voit en cette proposition «un ballon d’essai qui provoque une tornade, mais ce n’est vraiment pas nécessaire ». Il explique que «rien de concret n'a encore été décidé concernant l'introduction de mesures relatives à la présence de lieux de prières pour les musulmans, l'autorisation du port du voile ou l'introduction d'un cours libre consacré à l'islam dans les écoles catholiques ».
Le leader du N-VA et bourgmestre d’Anvers, Bart De Wever s’est dit, quant à lui, catégoriquement opposé à cette proposition. «Je trouve que c’est une très mauvaise décision. Il faut que nous fassions comprendre que la religion est de moins en moins importante dans notre culture publique. La chrétienté a de facto été laïcisée, et cela devrait en fait être pareil pour l’Islam », a-t-il réagi. «Je ne pense pas qu’il s’agit d’une réforme dont nous avons aujourd’hui besoin. Au contraire, on devrait investir dans des cours de citoyenneté. Ce qui nous réunit tous, c’est la lumière. Nous devons expliquer aux jeunes que les hommes et les femmes sont égaux, et qu’ici, l’orientation sexuelle est respectée », détaille-t-il expliquant ne pas voir l’intérêt de la réforme puisque les parents musulmans envoyaient leurs enfants dans des écoles catholiques bien avant la proposition.
Pourtant, la proposition est astucieuse car s’ouvrant davantage aux autres religions, l’enseignement catholique va promouvoir une philosophie d’inclusion. Pour les parents musulmans, elle leur enlèverait l’angoisse de la recherche constante de la meilleure école pour leurs enfants à chaque rentrée.