«Ceux qui ont trop à dire pour pouvoir le dire» disait Prévert dans son implacable poème «Tentative d’un dîner de têtes à Paris France».
En lisant le livre Sonate arménienne de Llatie Amor Sarkissian et Frank Pérussel, je trouve à la page 144, après plusieurs pages sur le génocide atroce des Arméniens et leur déportation :
«En août 1920, nous [les Arméniens] avons célébré dans toute la ville [Istanbul] la signature du traité de Sèvres [qui] reconnait l’Etat Arménien. […] Le rêve à peine concrétisé retourna à l’état de chimère : La Société des Nations refusa d’accepter ce nouvel Etat, sous prétexte qu’il pourrait être revendiqué par la Russie bolchévique en tant que partie de l’ancien empire tsariste.»
Les Arméniens existent comme peuple depuis l’antiquité. Leur empire s’étendait de la mer Méditerranée à la mer Caspienne. Ils ont compté parmi les premiers chrétiens d’Europe en l’an 301 (On oublie souvent que le Christianisme a été adopté par les Maghrébins avant l’Europe). Les Arméniens ont donc une histoire très ancienne, une langue, une culture commune et la Société des Nations alias l’ONU, refuse leur indépendance sous prétexte que leur territoire peut être réclamé par les Bolchéviques (maîtres de l’heure en Europe en cette année 1920).
Méfiez vous du «jour où les éléphants viendront reprendre leur ivoire»
Aujourd’hui, l’ONU, près d’un siècle après, fait exactement le contraire. L’histoire continue du Maroc depuis des siècles, montre à qui veut bien l’entendre que le Sahara occidental est Marocain. Mais là les Nations Unies se mettent à parler de colonisation d’une région qui a les mêmes mœurs, la même culture, la même religion que le Maroc, le pays auquel elle appartient depuis des siècles. Le Maroc qui s’est attelé à développer cette région à partir du désert que les Espagnols on laissé derrière eux. Les Espagnols qui eux, venus d’un autre continent d’une autre culture, ont bien colonisé le Sud du Maroc comme ils colonisent encore le Nord du pays. Mais ce n’est pas les Nations Unies qui vont les traiter de colonisateurs et les faire sortir.
Mais qui a dit qu’il s’agissait de justice dans la fabrication de l’histoire et la reconnaissance de tel ou tel pays. Tout dépend bien sûr de l’intérêt ici et maintenant des tyrans de l’heure. C’est l’histoire renouvelée du loup et de l’agneau. Méfions nous toutefois du défi des vulnérables. Ni les Africains déportés en esclaves, ni les indiens décimés, ni les juifs gazés n’ont disparu.
Et pour finir avec Prévert, méfiez vous du «jour où les éléphants viendront reprendre leur ivoire».