Cette année, la campagne pour l’élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme au Sahara n’a pas droit de cité. A quelques jours de l'adoption d'une nouvelle résolution du Conseil de sécurité sur le différend territorial, les ONG internationales de droits de l’Homme n’ont pas adressé de messages en ce sens au secrétariat général de l’ONU ou aux Quinze. Même Ban Ki-moon, d’habitude fervent partisan de cette mesure, n’a pas mentionné ce point dans son rapport remis le 19 avril aux membres du Conseil de sécurité. Le Polisario et son parrain algérien ont également laissé tomber une revendication phare de leur action diplomatique commune durant les dernières années.
Un point dans l’escarcelle du Maroc
Cette évolution dans les positions de ces intervenants dans le dossier du Sahara est la conséquence directe des mesures prises par le Maroc en représailles aux propos tenus par le secrétaire général des Nations Unies à l’occasion de ses passages, début mars, dans les camps de Tindouf et à Alger. Pour mémoire, le Sud-coréen avait qualifié la présence marocaine au Sahara d’«occupation».
L’expulsion, le 15 mars, de 84 agents de la composante civile et politique de la Minurso, dans le sillage de la crise ouverte entre le royaume et Ban Ki-moon, a complètement changé la nature du débat à l’ONU et au Conseil de sécurité, reléguant au second plan l’élargissement des prérogatives de la mission onusienne à la surveillance des droits de l’Homme. Le secrétaire général, dans son rapport a seulement mis en garde contre l’impact de la réduction des effectifs sur «l’aptitude de la MINURSO à s’acquitter de ses fonctions» dans la région. Dès les réunions, tenues à huis-clos en mars par les Quinze, le SG de l’ONU et les pays qui soutiennent le Polisario plaidaient pour un retour immédiat des expulsés et une condamnation du royaume.
Malgré la pression et l’appui de membres permanents (la Grande-Bretagne et les Etats-Unis) ils n’ont pu obtenir gain de cause. Le statuquo qui prévaut devrait repousser le retour des fonctionnaires onusiens dans deux ou trois mois. Une solution à même de permettre au Maroc de s’extirper de la pression internationale à moindre frais, sachant que son chef de la diplomatie avait crié haut et fort que l’expulsion des membres de la branche civile et politique de la Minurso est «irrévocable».