Au Maroc, la représentation politique reste encore le pré carré des hommes. Longtemps les femmes en ont été écartées. Aux premières législatives de 1963, aucune dame n’a pu gagner son siège à la Chambre des représentants. Mais 16 avaient tout de même bravé les traditions et les préjugés en déposant leurs candidatures. En 1977 et 1984, point de changements. Le parlement résistait toujours aux femmes.
Il a fallu attendre 1993, et sans passer par le système de quota, pour voir en fin deux députées siéger au parlement monocaméral. Badiâ Skalli de l’USFP et Latifa Bennani Smires de l’Istiqlal brisaient ainsi un «tabou». Elles récidiveront quatre années plus tard. Néanmoins, l’expérience n’a pas fait d’émules. Les mentalités sclérosées qui dirigent les formations politiques s’opposaient à accorder aux femmes la place qu’elles méritent.
Cette résistance avait contraint le cabinet El Youssoufi en 2002 à imposer la liste nationale et réserver, au grand dam de quelques milieux conservateurs, 30 sièges aux femmes, soit 10% du nombre total à la Chambre des représentants. Une première au royaume. A l’issue des législatives de l’automne de la même année, cinq autres députées parvenaient à arracher leurs tickets d’entrée à travers les listes locales. Plus récemment, en 2011, c'est 60 élues qui entreront au parlement.
Au moins 75 députées en 2016
Quinze années après le cadeau du gouvernement d’Alternance, la dynamique du quota s’essouffle. Les partis demeurent très réticents à mandater des femmes tête de listes dans les circonscriptions, notamment dans les grandes villes. Si les chefs de formations se montrent très réservés à accorder leur confiance à la gente féminine, force est de constater que les dames n'ont mené qu'un timide combat pour changer le rapport de force.
Si elles n'ont pas osé enclencher un bras de fer à l'ibtérieur de leurs partis, elles ont frappé à la porte du gouvernement pour améliorer le système de quota. Depuis quelques mois, elles tentent de convaincre le ministère de l’Intérieur de leur offrir 132 sièges ou de modifier l’article 5 de la loi organique 27-11 relative à la Chambre des représentants du 14 septembre 2011.
Finalement, elles ne sont pas sorties bredouilles. Mohamed Hassad a décidé de diviser équitablement les 30 sièges de la liste jeunes de moins de 40 ans entre hommes et femmes. A priori et avant même les législatives du 7 octobre, nous aurons 75 députées dans la composition de la future Chambre basse. Ce chiffre pourrait être augmenté si certains partis jouent la carte de la parité dans les listes locales. Le PAM d’Ilyas El Omari semble le mieux placé pour ouvrir ses listes aux femmes.
Le Maroc à la traine par rapport à ses voisins maghrébins
Le modèle marocain permettant l’accès aux femmes à la représentation politique a été dépassé par le volontarisme des pays de la région. Les 17% de femmes députées à la Chambre des représentants placent le royaume à la traine par rapport aux autres pays maghrébins, révèlent ainsi les statistiques de l’Union interparlementaire.
L'Algérie occupe la première place avec 146 parlementaires sur 462, soit 31,6%. La Tunisie est deuxième avec 68 députées sur un total de 217, soit 31,1%. Et même la Mauritanie fait mieux que le Maroc avec 37 sièges sur 147 au parlement, soit 25,2%.