Au moins 55 pays participent ce vendredi 22 avril au siège de l’ONU à New York à la signature de l’accord de la COP21 sur le climat. Si ce dernier était qualifié d’ «historique» ou de «meilleur accord possible» au sortir de la grande messe du climat à Paris en novembre dernier, l’accord ne fait pas du tout l’unanimité auprès des associations marocaines de protection de l’environnement.
«Ce ne sont pas de réels engagements des Etats, puisque des décisions ont été prises sans qu’il n’y ait aucun mécanisme de mise en œuvre. C’est de la philosophie», estime le président de l’association Espace de Solidarité et de Coopération de l’Oriental (ESCO), Mohamed Benata, qui ne s’attend à rien de nouveau pour la COP22. «On connait les COP, on sait comment ça se passe. Trop de déplacements inutiles. 30 000 personnes dans les avions…, c’est du tourisme», tranche-t-il.
L’association Homme et Environnement de Berkane, qui a participé à la conférence de Paris en tant que membre du réseau international Climate, reste sceptique quant à la portée des décisions prises. «Plusieurs secteurs n’ont pas été débattus. C’est le cas de l’agriculture, le transport maritime et le transport aérien», explique le président Najib Bachiri, estimant que sur cette base, ses décisions fortes pour l’avenir de la planète ne peuvent être prises. Il espère en revanche que la COP22 sera l’occasion de rattraper le tir et surtout de voir le Maroc se positionner en tant que nation souveraine. «A la COP21, le Maroc était figurant. C’est l’Arabie Saoudite qui négociait. Nous espérons qu’à Marrakech le Royaume sera un acteur apte à prendre des positions», confie-t-il.
Non à une main-mise de la France
Même attente du côté de l’ONG ATTAC Maroc. Ici, on estime que l’enjeu de cette COP pour le Maroc est de lui attribuer «son caractère marocain». «La France essaie de faire de la COP22 une annexe de la COP21. Et cette mainmise se manifeste notamment par l’omniprésence de Paris dans les préparatifs de l’événement, mais aussi par le fait que les entreprises françaises ont presque tous les marchés de cette COP», dénonce l’un des membres de la commission Environnement de l’association. A noter que la société française GL Event qui a répondu à l’appel d’offres pour l’organisation de l’événement vient d’être sommée de revoir son offre financière jugée «excessive».
D’après ce militant, le Maroc devrait pouvoir lors de la messe du climat à Marrakech défendre des intérêts de «la région MENA, symbole de l’injustice climatique, car, alors qu’elle n’est responsable que de moins de 4,5% des émissions de gaz à effet de serre, la zone est très vulnérable aux changements climatiques, lesquels viennent exacerber les problématiques sociétales».
Même son de cloche au sein du Groupe de Travail Maroc qui réunit un ensemble d’associations de protection de l’environnement à travers le Royaume. Son coordinateur, Adnane Raji, pense qu’il est temps de passer à l’action. «Beaucoup de choses ont été dites à la COP21, on veut la concrétisation des promesses faites avec un plan d’action de leur mise en œuvre», déclare-t-il, espérant que le Maroc puisse y contribuer.
Actuellement, le Maroc s’active pour garantir la réussite de cet événement qui verra la participation d’environ 25 000 à 30 000 personnes, comme pouvait encore le souligner la ministre chargée de l’Environnement, Hakima El Haité, lors de son passage dans l’émission«60 minutes pour comprendre», fin mars 2016.