Le roi Mohammed VI a choisi la tribune du sommet Maroc-Etats du Golfe pour évoquer publiquement, et pour la première fois, la crise du Maroc avec Ban Ki-moon. Le souverain a tenu à la placer dans le cadre des «plans d’agression attentatoires» à la stabilité du monde arabe. «Ils tentent, selon les conjonctures, soit de délégitimer la présence du Maroc dans son Sahara, soit d’appuyer l’option de l’indépendance et la thèse séparatiste, ou encore d’affaiblir l’Initiative d’autonomie dont la communauté internationale atteste le sérieux et la crédibilité» a-t-il expliqué aux chefs des monarchies du Conseil de coopération du Golfe.
Le monarque a précisé que les «manigances» contre «l’intégrité territoriale de votre deuxième pays, le Maroc» atteignent leur pic toujours en cette période. «Le mois d’avril, qui coïncide avec les réunions du Conseil de Sécurité sur l’affaire du Sahara, est devenu un épouvantail qu’on agite à la face du Maroc et, parfois, un moyen de pression ou d’extorsion». C’est la première fois que le roi parle sur ce ton révélant que la Maroc subit une opération de chantage. Néanmoins, Mohammed VI s’est gardé de pointer du doigt la responsabilité d'une partie ou d'un Etat précis.
Pas de problème avec l’ONU et le Conseil de sécurité
Dans son discours, le roi a salué le «soutien constant» des pays du CCG à la marocanité du Sahara. «Cela ne nous surprend guère de votre part», rappelant au passage que cet appui remonte à la participation de délégations de ces Etats à la Marche verte en 1975. «Une position que vous avez réaffirmée pendant la dernière crise avec le Secrétaire général des Nations Unies. Mais cette fois-ci, la situation est grave et inédite dans l’histoire de ce conflit artificiel suscité autour de la marocanité du Sahara» a-t-il reconnu.
Le souverain a souligné que Ban Ki-moon mène une «guerre par procuration» et qu’il «est instrumentalisé pour essayer de porter atteinte aux droits historiques et légitimes du Maroc concernant son Sahara, comme en témoignent les déclarations partiales du responsable onusien et ses agissements inacceptables afférant au Sahara Marocain». Une allusion directe aux propos du Sud-coréen à l’occasion de sa visite, début mars, dans les camps de Tindouf et à Alger.
Malgré les «dérapages verbaux» de Ban ki-moon, selon les termes du communiqué du gouvernement marocain du 8 mars, le roi trouve des excuses au SG de l’ONU. «Que peut faire le Secrétaire général alors qu’il est l’otage de certains de ses collaborateurs et de ses conseillers, auxquels il délègue la supervision de la gestion de nombre de dossiers importants, en se contentant, lui, d’appliquer les propositions qu’ils lui présentent ?», s’est-il interrogé.
Dans son discours, le roi Mohammed VI a tenu à préciser que «le Maroc n’a aucun problème ni avec les Nations Unies dont il est un membre actif, ni avec le Conseil de Sécurité dont il respecte les membres avec lesquels il interagit en permanence. Le problème est, plutôt, avec le Secrétaire général, et plus particulièrement avec certains parmi ses collaborateurs en raison de leurs positions hostiles au Maroc».