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Grand Angle

Espagne : Un journaliste accuse le Maroc d'être derrière les attentats de Madrid

Comme à ses habitudes, un journaliste espagnol vient de faire une sortie médiatique remarquée. Au cours d'une interview, il a accusé les services secrets marocains d'avoir fomenter les attentats de Madrid en raison d'une vengeance présumée des autorités marocaines concernant l'épisode de "l'îlot Leïla ou Perejil" dont le Maroc et l'Espagne se disputent la souveraineté. En Espagne où la déclaration a eu son petit effet, on est pourtant habitué aux déclarations polémiques du journaliste. Les internautes espagnols quant à eux se sont insurgés contre ce journaliste controversé jusque dans les rangs de ses confrères. Détails. 

Publié
Crédit Photo: Telecinco.es
Temps de lecture: 3'

«Conspiranoïa», c’est désormais le terme attribué à toutes ses déclarations polémiques. Dans une interview accordée au quotidien «El Español», un journaliste s’est fendu d’une surprenante déclaration. Federico Jiménez Losantos, c’est son nom, a attribué la paternité des attentats de Madrid en 2004, à une «vengeance [marocaine] pour Perejil», comme le rapporte une presse espagnole stupéfaite mais habituée aux annonces souvent explosives du journaliste.

Selon Federico Jiménez Losantos, les services secrets marocains se sont servis de «quelque chose» déjà en marche pour «perpétrer un massacre ». Plus grave encore, le journaliste affirme que l’Etat espagnol aurait ensuite «fait tout son possible pour cacher les preuves menant à la piste marocaine parce que cela aurait conduit à une guerre». Selon le journaliste espagnol, c’est par vengeance de cet épisode des relations maroco-espagnoles que le royaume aurait perpétré les attentats de Madrid.

Petit rappel de cet épisode des relations entre les deux royaumes. L’îlot Perejil (ou Leïla) auquel le journaliste espagnol fait référence, est en effet un territoire dont la souveraineté est disputée entre l’Espagne et le Maroc. En 2002, l’îlot situé à 200 m des côtes marocaines et à 6 km de Ceuta est au centre d’une grave crise entre les deux royaumes. Des forces auxiliaires marocaines y ont établi, en juillet 2002, un  poste de contrôle destiné à lutter contre le trafic de drogue et l’immigration irrégulière. Un poste de contrôle considéré comme une invasion de son territoire par l’Espagne qui lance une semaine après, un vaste déploiement militaire. La région retient son souffle. A la faveur d’une médiation américaine demandée par l’Espagne, le statut quo est établi sur l’îlot.

«Le petit taliban des sacristies», décrié sur les réseaux sociaux

Si  au Maroc, les «accusations» de Federico Jiménez Losantos n’ont pas encore fait réagir, en Espagne, on est habitué aux annonces à sensation de ce journaliste décrié. Au cours de la même interview, le journaliste passe au crible plusieurs épisodes de l’histoire espagnole pour s’en prendre à la «dictature terroriste» de l’Iran, au Venezuela et compare l’ETA à «Podemos» qu’il considère comme plus «nocif», les comparant à des «agitateurs».

Il ne faut pas aller loin dans les recherches pour se rendre compte que Federico Jiménez Losantos, n’est pas en odeur de sainteté dans son pays. Directeur et présentateur de «Es la mañana de Federico» sur la Esradio, le journaliste est également éditorialiste au quotidien «El Mundo». Mais avant d’atterrir à ce poste, le journaliste est passé par plusieurs supports médiatiques dans les années 80. Habitué aux effets d’annonce, ses sorties médiatiques, suivies de près, lui ont valu plusieurs condamnations ou relaxes dans des procès pour «injures» l’opposant aux hommes politiques ou aux partis politiques. Pour résumer son style pamphlétaire, ses confères lui accolent le sobriquet de «petit taliban des sacristies». «Avec trois comme lui, on monte une guerre civile», dira l’écrivain espagnol Javier Cercas à son propos.

Se définissant comme «libéral classique», Federico Jiménez Losantos est automatiquement étiqueté comme appartenant à l’extrême-droite espagnole. A propos de ses déclarations sur le Maroc, le journaliste s’est attiré sur les réseaux sociaux, les foudres des internautes qui lui reprochent de remuer le couteau dans la plaie des victimes des attentats de Madrid. «Etre libéral c’est pouvoir dire toute la merde que ton esprit malade est capable d’inventer et appeler cela du journalisme», peste un internaute sur Twitter. «Les attentats de Madrid, ce n’était pas l’ETA, c’était le Maroc. Et la douleur des victimes ?» s’interroge encore cet autre internaute. «Jimenez Losantos a encore oublié de prendre ses médicaments», ironise un autre. L’ironie cache en fait une lassitude des Espagnols sur les déclarations toujours aussi polémiques du journaliste espagnol tout comme ces théories conspirationnistes. 

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