La trêve de circonstance entre les partis n’a pas pu résister jusqu’au 30 avril, date de l’adoption par le Conseil de sécurité d’une nouvelle résolution sur le Sahara. Les disputes ont repris de plus belle, l’unité de façade n’est plus d’actualité. Pour sa première sortie publique, après plus d’un mois d’absence des meetings politiques de son parti, le chef du gouvernement a pris l’initiative de tirer à boulets rouges sur son principal adversaire, le PAM et tout particulièrement son secrétaire général. Hier soir, dans une salle de cinéma à Salé, Abdelilah Benkirane a ouvertement appelé les Marocains à «donner une leçon» au parti du Tracteur lors des législatives du 7 octobre.
«L’Istiqlal est notre frère»
Si Ilyas El Omari a eu son lot de critiques, Hamid Chabat a été couvert d'éloges. Lors de ce meeting, Benkirane a officiellement tendu la main en direction du chef du PI afin de sceller une nouvelle alliance. «Nous n'avons jamais été les ennemis de l’Istiqlal. Nous ne pourrions être les ennemis du parti de Allal El Fassi (…) Nous et le parti de l’Istiqlal nous sommes comme des frères. Avec ton ami tu peux te disputer et te séparer de lui mais avec ton frère tu ne le pourras jamais», a-t-il martelé. Des propos salués par une salve d’applaudissements de l'assistance, nous confie une source présente à la réunion.
Le secrétaire général du PJD répond, ainsi, aux récentes positions du RNI. Celles-ci ont finalement convaincues Benkirane et la direction de la Lampe de se tourner vers la Balance et d’oublier l’épisode du retrait du «frère» Chabat du gouvernement en 2013. D’autant qu’islamistes et istiqlaliens partagent les mêmes idées conservatrices sur plusieurs dossiers, se rapportant essentiellement à la religion, aux mœurs et à la prééminence de la langue arabe sur le français et l’amazighe.
Au-delà de ses valeurs, la Lampe compte également sur l'appui du PI pour constituer dans les deux Chambres du parlement un front commun contre la proposition du ministère de l’Intérieur de baisser le seuil des listes locales à 3%.