Que fera le gouvernement avec les noms des Marocains cités dans l’affaire des Panama Papers ? Pour le moment, il n’a entrepris aucune action ni rendu public sa réaction vis-à-vis du scandale internationale. Il attend surement que l’orage passe. Mais en vue de briser le silence de l’exécutif, le Collectif des associations des droits de l’Homme, qui réunit une vingtaine d’ONG marocaine, a pris l’initiative de saisir Abdelilah Benkirane sur ce dossier.
Dans une lettre, l’entité demande au chef du gouvernement, «et conformément à vos prérogatives en tant que chef de l’exécutif d’ordonner aux services compétents, d’ouvrir une enquête objective et rapide» sur les Marocains cités dans les révélations des Panama Papers. Les rédacteurs de la missive les soupçonnent de détenir des sociétés dans des paradis fiscaux uniquement dans le but d’échapper au fisc marocain
Un projet de protestation pour le 14 avril
Le Collectif exige de Benkirane «d’informer l’opinion publique des conclusions des investigations et de prendre ensuite les mesures qui s’imposent dans le cadre de la loi, la constitution et des engagements internationaux et nationaux du Maroc de respecter les droits de l’Homme».
Dans les circonstances actuelles, une réponse positive de l’exécutif à la lettre du Collectif parait impossible. D’autant que le ministre de la Justice et des Libertés, Mustapha Ramid a déclaré qu’il n’est même pas au courant de l’existence des Panama Papers. Du côté du département de la Communication, Mustapha El Khalfi a affirmé qu’il n’est pas informé de l’ouverture d’une enquête judiciaire sur le sujet.
Il y a de fortes chances que le message du Collectif des associations des droits de l’Homme subisse le même sort que la lettre adressée, en août 2014, au même chef du gouvernement par des parties ayant sollicité son intervention pour interdire les activités de la société israélienne ZIM dans les ports marocains. La missive risque en effet elle aussi de tomber dans l’oubli.
Parallèlement à la lettre des ONG destinée au chef du gouvernement, des internautes marocains, dont d’anciennes figures du Mouvement du 20 février, veulent se mobiliser à leur manière. Ils proposent d’organiser une manifestation sur la Place Maréchal à Casablanca, le 14 avril, pour dénoncer l’évasion fiscale. L’idée fait encore son chemin sur les réseaux sociaux et dans les bureaux de certaines associations.