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Grand Angle

Opération transit 2016 : Un fast ferry marocain sur Tanger-Gibraltar ?

Plus que deux mois avant l’édition 2016 de la traditionnelle opération transit, laquelle pourrait voir cette année l’arrivée d’un fast-ferry marocain sur les lignes maritimes reliant Tanger à Gibraltar. La compagnie marocaine Intershipping l'a acquis hier, lors de la vente aux enchères d’un navire de la Comarit.

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Le tribunal de commerce de Tanger a procédé hier, lundi, à deux ventes aux enchères dont celle du bateau de la Comarit jusqu’à lors amarré au port de la ville. Le Bouraq a ainsi été acquis par la compagnie marocaine Intershipping pour la modique somme de 34 millions de dirhams. «On n’a pas voulu le laisser aux mains des étrangers. Presque tous les autres bateaux de la Comarit restés dans les ports étrangers avaient fini par être vendus à des non-marocains. On a voulu que celui-ci au moins batte pavillon nationale», explique à Yabiladi le DG, Rachid Chrigui, soulignant qu’il y avait des Grecs parmi les autres soumissionnaires.

Prêt à transporter 680 MRE dès le 15 juin ?

La jeune compagnie créée en 2012 entend réserver ce ferry aux lignes Tanger ville-Gibraltar et Tanger Med-Gibraltar pour lesquelles elle a obtenu l’autorisation en 2015, dans le cadre du dernier appel à manifestation du ministère dont les résultats n’avaient fait l’objet d’aucune communication publique.

Jusqu’à récemment, Tanger-Med/Gibraltar était assuré par FRS. Ce n’est qu’en fin 2015 qu’Intershipping a pu émettre ses premières dessertes. Et la compagnie compte consacrer son nouveau ferry à ces lignes. «Normalement, tout devrait être prêt pour l’opération transit de cette année [qui débute le 15 juin, ndlr]», glisse M. Chrigui, expliquant qu’après les dernières formalités administratives, le navire va être transmis au contrôle technique et une mise à jour complète sera effectuée sur l’appareil à Tanger et à Gibraltar.

D'une capacité de 680 passagers pour mémoire, le Bouraq est le bateau de la Comarit amarré au port de Tanger après la faillite de l’entreprise. Acquis en 2009-2010 par la famille dirigeante Abdelmoula à 10,9 millions d’euros auprès d’armateurs grecs, selon des sources au sein de la profession, le fast ferry reliait le Maroc à l’Espagne. Après la vente de tous les autres navires de la compagnie à l’étranger et maintenant celle du Bouraq, seul le Mistral au port de Nador attend que son sort soit scellé.

Réserves contre certitude

Désireuse de rompre avec le passé du Bouraq, Intershipping entend le rebaptiser : «Gibraltar Jet». Et si M. Chrigui est très enthousiaste à l’idée de transporter, dès cet été, les MRE désirant faire la traversée du détroit entre Tanger et Gibraltar, certains émettent quelques réserves au sein de la profession. «Le Bouraq est un fast ferry dont la construction est essentiellement faite d’alliage en aluminium. Or, depuis l’arrêt de la Comarit début 2012, le bateau est accosté au port de Tanger sans équipage et sans maintenance et en constant contact avec l’eau. En règle générale, un fast ferry délaissé plus de 6 mois n’est plus opérationnel. Pour le remettre à jour il faut débourser une somme énorme. Et ça ne se fait pas du jour au lendemain», explique à Yabiladi Abdelkhalek Ben Maachou, commandant de bord de carrière et président de l’Association Marocaine des Officiers de la Marine Marchande (AMOMM).

De son côté, Rachid Chrigui – en bon vieux marin- assure être conscient de l’investissement que va nécessiter son nouveau bateau. Et il se dit prêt à le faire. «Nous, on casse les œufs avant de faire l’omelette. On sait de quoi le bateau a besoin», rétorque-t-il.

Début mars, les autorités espagnoles révélaient s’attendre à une opération transit 2016 similaire à celle de l’année dernière qui a vu la participation de plus de 2 millions de passagers via les différents ports marocains. Mais pour l’heure, aucune nouvelle ne filtre quant au déroulé des préparatifs de l’opération au Maroc et nous avons tenté en vain de joindre le ministère de l’Equipement et du Transport, ainsi que la Marine marchande. En février dernier toutefois, Yabiladi apprenait auprès de la Marine marchande qu’«une étude stratégique du transport maritime et du développement du pavillon national» devait être finalisée en mars.

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