Ce soir l’ambassade du Maroc auprès de l’Union européenne devrait organiser un débat sur l’exploitation des ressources naturelles au Sahara. Un thème d’actualité et ce depuis l’arrêt du 10 décembre 2015 de la cour de justice de l’UE (CJUE) annulant l’accord agricole de 2012 à cause de cette question. A cet effet, la représentation diplomatique a invité des eurodéputés et des membres de la Commission européenne, notamment ceux travaillant dans les services des Affaires étrangères. Des députés marocains et des représentants de l'OCP sont également attendus pour participer à l’événement. Certains d’entre eux ont pris ce matin des vols vers Bruxelles.
Rattraper le retard
Cette réunion sera une occasion pour les officiels marocains de présenter et d’expliquer la position du royaume sur ce sujet. L’initiative a pour objectif de rattraper le retard manifeste qu’accuse Rabat sur cette question par rapport au Polisario. Le mouvement séparatiste a en effet réussi, grâce à des campagnes lancées depuis plusieurs années, à rallier à ses thèses plusieurs eurodéputés d’extrême gauche, écologistes et même du groupe socialiste.
Ce solide réseau pro-Polisario interpelle régulièrement la Haute représentante de l’UE aux Affaires étrangères, Federica Mogherini, par le biais de questions écrites sur le sujet. Le dernier acte s’inscrivant dans cette stratégie remonte au mois de février. Il portait la signature de Miguel Urban Crespo du groupe de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte. S’appuyant sur la décision de la CJUE, L’eurodéputé exigeait de Mme Mogherini des mesures pour que «cet accord (agricole, ndlr), et éventuellement d'autres accords conclus avec le Maroc, soient abandonnés».
Le Maroc n’est pas à court d’arguments
Sur ce sensible dossier, le royaume peut s’appuyer sur les mêmes références que le Polisario pour défendre ses positions. Le Front brandit toujours un extrait de l’avis consultatif émis en 2002 par Hans Correl, alors président du Bureau des affaires juridiques aux Nations Unies. Mais si le début du texte sied aux thèses séparatistes, la suite pourrait servir les intérêts du Maroc.
«La question de l’exploitation des ressources naturelles des territoires non-autonomes par les puissances qui les administrent a été portée devant la Cour internationale de Justice». Citant les exemples des «affaires du Timor oriental et de Nauru, la Cour internationale de Justice ne s’est pas prononcée sur la légalité des activités économiques menées dans les territoires non autonomes. Il convient toutefois de noter que ni dans un cas, ni dans l’autre, l’exploitation des ressources minérales des territoires n’a été présentée comme illégale en soi», avait conclu l’ambassadeur Correl.
Le 28 avril 2015, Omar Hilale, le représentant permanent de Rabat à New York avait expliqué, lors d’un point de presse qu'en 1976, le Maroc avait récupéré une région où il n’y avait «ni réseau électrique, ni routes et ni écoles». Depuis «le royaume a investi 4 milliards de dollars dans le développement. Pour un dollar tiré du Sahara, le royaume en investit 7» dans les provinces sahariennes.