Le dossier des enseignants-stagiaires fragilise davantage la majorité gouvernementale. En témoigne, le pavé jeté dans la marre, ce dimanche, par Abdelilah Benkirane. Le chef du gouvernement s’en prend, dans un communiqué, à son ministre des Finances pour avoir répondu, le 30 mars, à la lettre des présidents des groupes des conseillers du PAM et de l’USFP proposant une solution à la crise des étudiants des centres d’éducation et de formation.
N’y allant pas avec le dos de la cuillère, Benkirane a fustigé la réponse de Mohamed Boussaid, la qualifiant d’«initiative unilatérale» faite «sans concertation avec le chef du gouvernement» et de surcroît «contraire à la solution proposée par le gouvernement».
Benkirane est très remonté contre la solution prônée par l’argentier du royaume. Celui-ci s’est dit favorable, dans sa réponse au PAM et à l’USFP, à une modification de la loi de finance 2016 permettant d’embaucher les 10.000 étudiants, sachant que le PLF de cette année ne prévoit que 7.000 postes budgétaires pour les enseignants des lycées et collèges.
Boussaid n’a pas eu la chance d’Akhannouch
Fermant hermétiquement la porte devant toute médiation sur cette question, le texte rappelle que le gouvernement a déjà suggéré «par des canaux officiels» (le wali de Rabat, ndlr) aux représentants de la Coordination des enseignants stagiaires de les intégrer à la fonction publique en deux temps : 7.000 en septembre 2016 et 3.000 en janvier 2017. Un cadre que Mohamed Boussaid aurait «transgressé».
Benkirane conclut son communiqué par un rappel à l’ordre non seulement destiné au RNIste mais à l’ensemble des membres de son cabinet, assurant qu’ «aucun ministre n’a le droit d’agir en dehors de ce cadre en aucune façon».
L’ire publique de Benkirane est la deuxième du genre après celle du jeudi 31 mars à l’occasion de la réunion hebdomadaire du conseil du gouvernement. Elle intervient après la diffusion de copies prouvant les lettres échangées entre le ministre des Finances et les présidents des groupes PAM et USFP. Une publication qui sonne comme un sérieux démenti aux déclarations du même Benkirane et de son ministre de la Communication.
A quelques mois des législatives du 7 septembre, la cohésion entre les composantes de la majorité n’est plus qu’un lointain passé. Cet incident avec Boussaid n’est pas sans rappeler l’affaire de la tutelle sur les 55 milliards de dh destinée au développement du monde rural, confiée à Aziz Akhannouch au grand dam du PJD.