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Grand Angle

Casablanca : Une famille à la rue après l’exécution d’un jugement en faveur d’un spoliateur emprisonné ?

Et ça n’en finit pas ! Alors qu’elle manifestait encore dimanche dernier pour réclamer justice, une mère de famille a été expulsée mercredi, sans préavis, de la villa où elle habitait depuis plus de 30 ans à Casablanca. Cependant, le prétendu propriétaire de la maison, n’est autre que Mustapha Him, actuellement en prison pour spoliation. Son fils aurait été présent lors de l’évacuation.

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Temps de lecture: 3'

«Ils m’en ont fait voir de toutes les couleurs…Ma vie est détruite…», criait à tue-tête Malika El Adlani dimanche dernier à la manifestation organisée par l’Association des victimes de la spoliation (AVS). Mais la dame ne savait pas que ses jours étaient désormais comptés dans cette maison du quartier Maârif à Casablanca qu’elle habitait avec sa famille depuis plus de 30 ans. Elle a été expulsée mercredi 30 mars soir, sans préavis, sur la base d’un jugement en référé pour lequel elle a fait appel.

Malika a commencé à louer l’appartement le 1er mai 1983 à une Espagnole, selon le contrat de bail transmis en copie à Yabiladi. «Ma mère avait payé 190 000 dirhams au départ et devait verser ensuite un loyer symbolique de 700 dirhams passé plus tard à 850 dirhams», explique sa fille, Kawtar. A la fin des années 1990, la dame espagnole quitte le Maroc et Malika continue de verser son loyer au cabinet immobilier Maurice Leber géré par un certain H. J.  C’est d’ailleurs cette société qui avait établi le contrat de location.

En 2009, Malika obtient de la wilaya l’autorisation de transformer le garage de la villa en commerce. Elle y ouvre alors un salon de coiffure. En juin 2010, la famille reçoit la visite de Mustapha Him qui se présente comme le nouveau propriétaire de la villa qu’il aurait achetée à l’Espagnole. Pour mémoire, Him est un Franco-marocain qui purge actuellement une peine de 12 ans de prison dans le cadre de l’affaire Brissot et serait mêlé à plusieurs autres cas de spoliation dont l’affaire du complexe Romandie.

Malika conteste l’achat de la villa par Him, avançant qu’elle connait la vraie propriétaire. En novembre 2010, le gérant du cabinet immobilier décède, l'établissement ferme et la dame arrête de payer le loyer. «Ma mère n'avait plus aucun contact avec la propriétaire», explique Kawtar. Mais en 2012, Him aurait démarré les procédures d’expulsion. Malika porte plainte pour faux et usage de faux. En novembre 2015, cependant, le tribunal civil statue en faveur de Him.

«Même derrière les barreaux les spoliateurs ont les longs bras»

Alors que Malika fait appel de son expulsion lundi 28 mars, elle est mise à la rue deux jours plus tard. Chose curieuse, l’AVS sur les lieux ce jour-là aurait remarqué la présence du fils de Mustapha Him. «Il était là», glisse M. Moutazzaki, président de l’AVS.  Et le jeune homme serait revenu plus tard avec des maçons pour murer les portes externes de la villa. «Nous avons été alertés par les voisins et avons immédiatement interpellé la police. Quand les policiers en civil sont arrivés, ils lui ont demandé ce qu’il faisait. Il a répondu que c’est la villa de son papa. Ils lui ont alors demandé pourquoi il faisait des travaux en pleine nuit si son acte était tout à fait légal», explique le président de l’AVS qui appuie ses déclarations de photos. Ce matin, Malika a déposé une plainte devant le procureur général.

Par ailleurs, après avoir obtenu l’expulsion de la famille, Him aurait également réussi à décrocher l’autorisation de démolition de la villa, d’après la même association. A l’issue d’une rencontre avec l’adjoint au maire ce vendredi matin, Malika -accompagnée de l’AVS- a pu obtenir la suspension de cette autorisation. «La commune a tenu compte de toutes les plaintes déposées par Mme Adlani», explique M. Moutazzaki. Il poursuit en dénonçant : «déjà c’est juridiquement inacceptable que la famille soit expulsée alors qu’elle a fait appel. C’est une complicité atroce. Même derrière les barreaux la mafia a les longs bras».

Pour une loi qui protège les personnes

Actuellement, Malika et ses enfants vivent chez des proches et attendent impatiemment de pouvoir retourner chez eux.  Au pire des cas, la dame souhaite que l’Etat récupère le bien comme le veut la loi, en cas d’abandon par le propriétaire.

C’est ainsi le énième cas mettant en cause un spoliateur derrière les barreaux. Cette semaine encore, l’AVS révélait celui de Habiba, une veuve qui lutte pour éviter l’expulsion de sa villa dont le jugement a été prononcé sur la base d’un certificat de propriété délivré par El Arbi El Mouktafi, le notaire qui purge actuellement une peine de 12 ans de prison dans le cadre de l’affaire Brissot et qui serait également impliqué dans une «une dizaine de dossiers de spoliation, dont celui du complexe Romandie», selon l’AVS.

A l’issue de la manifestation des victimes de la spoliation dimanche dernier, l’un des avocats qui suit l’AVS, Zineb Hakim, avait estimé qu’au regard de l’ampleur de la spoliation immobilière, une «révision de loi» s’impose, afin de combler le «vide juridique sur la protection des personnes».

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correcteur
Auteur : toubon
Date : le 02 avril 2016 à 15h14
franchement disnay ,si tu veux jouer à l'instituteur controlant une dictée,ce n'est vraiment pas l'objet du délit,enfin:!!!!
une petite remarque.
Auteur : Le barreur
Date : le 01 avril 2016 à 21h44
" ils m'en ont fait voir..." et non pas " ils m'ont en fait voir..."
Pour le reste, c'est plus compliqué.
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