Au Nigéria, le président est au cœur d’une polémique. En cause, son soutien au Polisario. Une partie de l’opposition dénonce son soutien sans concession aux thèses du Front. Les partisans de «Indigenous People of Biafra» (Peuple indigène du Biafra) sont montés au créneau pour pointer du doigt l’incohérence de Muhammadu Buhari. Alors qu’il ne cesse de réitérer sa détermination à appuyer les revendications du Polisario pour l’autodétermination du Sahara occidental, il refuse d’accorder le même droit aux habitants du Biafra.
Dans le pays, de plus en plus de voix s’indignent de cette contradiction, contraignant le conseiller média à s’expliquer. Dans une interview accordée à la publication en ligne New Telegraph, Mallam Garba Shehu a précisé qu’il n’y avait pas lieu d’établir une «comparaison» entre le Sahara et le Biafra, accusant ceux qui adoptent cette conception «de déficit de connaissance en politique internationale». «Ce sont deux scénarios clairement différents», a-t-il martelé.
«L’autodétermination du Biafra contribuera au démembrement du Nigeria !»
Pour ce proche du président nigérian, le différend territorial du Sahara «est un cas classique de colonisation. C’est la dernière colonie restante sur le continent africain», rappelant au passage que son supérieur hiérarchique avait reconnu la «RASD» en 1984. Il venait alors de prendre le pouvoir à la suite d’un coup d’Etat contre le président civil Shehu Shagari. En revanche, poursuit le conseiller média de Buhari, l’autodétermination du Biafra «contribuera au démembrement de la république fédérale du Nigeria».
Cette montée des revendications indépendantistes du Biafra est la conséquence de la décision prise par Buhari d’arrêter en octobre Nnamdi Kanu, le chef du mouvement interdit Peuple indigène du Biafra. Le président l’accuse de «propagation d'un agenda de sécession» avec l'intention de «mener une guerre contre le Nigeria» et de «terrorisme». Son procès s’est ouvert le 9 février devant la cour fédérale du pays. Un juge avait ordonné la libération de Kanu mais Buhari s’y était fermement opposé.
La Biafra a été le théâtre d’une guerre de 30 mois, de juin 1967 à septembre 1970, menée par le colonel de l’armée, Odumegwu Emeka Ojukwu. Ce dernier réclamait l’indépendance du territoire, mais sans pouvoir l'obtenir.