Sur RMC ce matin, Laurence Rossignol a été interrogée sur la mode islamique pour les femmes et sur les initiatives des grandes marques de mettre sur le marché, des collections de vêtements respectant le code vestimentaire musulman. La ministre a vivement critiqué les marques de prêt-à-porter. «Ce qui m'a frappée ce sont les arguments que donnent ces marques, qui disent ne faire la promotion d'aucun mode de vie, comme s'il y avait une dissociation entre les vêtements et les modes de vie», a-t-elle lancé.
Pour la ministre française du Droit des femmes, l’enjeu de ce rush des grandes marques sur le marché de la mode respectant les traditions musulmanes, «c'est celui du contrôle social sur les corps des femmes. Lorsque des marques investissent ce marché de la tenue islamique, parce qu'il est lucratif, elles se mettent en retrait de leur responsabilité sociale et d'un certain point de vue font la promotion de cet enferment du corps des femmes», a-t-elle soutenu devant Jean-Jacques Bourdin.
Les femmes voilées comparées à des «nègres qui étaient pour l’esclavage»
A l’appui de son argumentaire, Laurence Rossignol estime que dans certains quartiers en France, les femmes vivent «sous de l'emprise grandissante de groupes salafistes qui se sont mis en situation de dire : voilà qui est un bon musulman et voilà qui ne l'est pas». Une situation, selon la ministre, qui fait observer qu’il y a moins de femmes dans la rue et sur les terrasses de cafés. «Mon rôle, c'est d'aider les femmes qui veulent résister à l'emprise des salafistes dans certains quartiers», ajoute-t-elle. Plus loin la ministre indique même que face à cette «emprise salafiste», «nous avons le devoir de garantir à tous ceux qui vivent en France et aux Franco-musulmans qu’ils y vivent bien».
Mais Jean-Jacques Bourdin lui lance l’argument des femmes qui choisissent librement de porter le voile. Et c’est à ce stade de la conversation que la ministre est l’auteur d’un dérapage en comparant les femmes voilées à des «nègres». «Mais bien sûr, il y a des femmes qui choisissent. Il y avait des nègres afric… américains qui étaient pour l’esclavage», a lâché la ministre. Et Laurence Rossignol de se lancer dans une explication pour dire que les femmes qui portent le voile sont des militantes de l’islam politique qui tentent d’imposer leur mode vestimentaire aux autres femmes.
Critiquée sur les réseaux sociaux…
Les réseaux sociaux se sont vite emparés de la référence au mot «nègre» par une ministre de la République sur un plateau de grande audience pour dénoncer un dérapage raciste. Certains dénoncent l’emploi du terme nègre et sa comparaison des femmes portant le voile. D’autres relèvent que ce dérapage intervient en pleine campagne «Tous unis contre la haine». Sur Twitter, un hashtag réclamant la démission de la ministre a fleuri.
#RossignolDemission quand la bêtise et l'ignorance se mêlent au racisme le plus crasseux...il faut dire stop
— fouadkanar (@fouadkanar) 30 mars 2016
Le racisme ça commence par des mots, ça finit par des crachats, des coups, du sang.#RossignolDémission pic.twitter.com/EtI8vYB0li
— Napoléon (@tprincedelamour) 30 mars 2016
1 femme qui utilise le choix de certaines contre d'autres ne me représente pas. Quand c'est par racisme: DOUBLEMENT PAS. #RossignolDémission
— Clémence (@clemence_h_) 30 mars 2016
En fait c'est pas de sa faute @laurossignol a juste raté la formation du gouvernement contre le racisme ... pic.twitter.com/ijBRzfFp9H
— Widad.K (@widadk) 30 mars 2016
"Nègres", "franco-musulmans"...Ça commence par des mots et ça finit par Laurence Rossignol chez #BourdinDirect #TousUnisContrelaHaine
— Jean-Paul Kopp (@jeanpaul_kopp) 30 mars 2016
… la ministre explique admet une référence pas évidente
Pour répondre à ses détracteurs, la ministre a mis cet excès de langage sur le compte d’une «référence pas évidente». «Le mot nègre est un mot péjoratif qui ne s’emploie plus que pour évoquer l’esclavage en référence à l’ouvrage abolitionniste “De l’esclavage des nègres” de Montesquieu. Il n’y a donc pas de provocation de ma part ni de volonté de choquer. C’est un mot que je n’emploie en aucune autre circonstance», a réagi la ministre face à la polémique. «J’ai sous-estimé que la référence n’était pas évidente», a-t-elle ajouté. Des justifications qui n’ont pas convaincu les internautes. Ils comptent transformer leur hashtag en pétition pour le départ du gouvernement de Laurence Rossignol.