A six mois des prochaines législatives, le vote salafiste est au centre des convoitises. Plusieurs partis politiques se livrent à une rude concurrence pour séduite les électeurs de ce courant islamiste. Le PI vient de marquer son entrée dans la bataille. Par le biais de sa Ligue des universitaires istiqlaliens, la formation a organisé à Fès une conférence consacrée au rôle du «salafisme nationaliste» dans la lutte contre le protectorat français.
Hamid Chabat, présent à l’événement, a ainsi côtoyé Abou Hafs. L’ancien détenu de la mouvance extrémiste islamiste, condamné en 2003 à 20 ans de prison pour terrorisme et ensuite gracié en 2012, a pris la parole pour tirer à boulets rouges sur le wahhabisme importé d’Arabie Saoudite. Selon lui, ce courant est responsable de la radicalisation des jeunes Marocains.
La Balance veut renouer avec son passé
Lors de son intervention, le secrétaire général de la Balance a rendu hommage à l’action du fondateur de son parti, Allal El Fassi, adepte du salafisme réformateur. Le mouvement avait été lancé par des religieux installés en Egypte au 19e siècle en réaction à la domination occidentale et à l’affaiblissement de l’Empire ottoman encore sous le choc de la campagne d’Egypte de Napoléon Bonaparte. Ce courant de pensée s’est ensuite propagé dans tout le monde arabe.
Au Maroc, des jeunes de l'université Al Qaraouiyine, inspirés par la pensée de El Fassi, avaient pris la tête de la lutte contre l'occupant français. Ce n’est qu’après l’indépendance que l’Istiqlal, sous l’impulsion d’une nouvelle génération formée dans les écoles françaises, a commencé à prendre ses distances avec le salafisme réformateur ou nationaliste. Le vide a été comblé par les partisans du wahhabisme, véritables promoteurs du salafisme jihadiste avec les conséquences que tout le monde connait.
Pourquoi le vote salafiste séduit ?
Contrairement aux disciples d’Al Adl Wal Ihsane, «l’électorat salafiste ne constitue pas un seul bloc. C’est plutôt une mosaïque d’associations et de leaderships», nous confie Driss Ganbouri, spécialiste des mouvements islamistes. D’où l’intérêt de Hamid Chabat pour cet électorat qui ambitionne de bousculer les «frères» de Benkirane pour leur ravir la première place lors des prochaines législatives du 7 octobre.
L’Istiqlal au même titre que le PJD et dans une certaine mesure le Mouvement démocratique et social de son fondateur Mahmoud Archane, a des chances de séduire les salafistes, notamment à Fès. Les autres formations pourraient aussi être tentées par les bulletins de vote des salafistes. «Cela dépend de la nature des orientations de certains partis destinées à cet électorat», précise Ganbouri.