Au RNI, l’autorité de Salaheddine Mezouar vacille. En témoigne l’échec de son projet visant à créer une organisation de la jeunesse sur mesure au sein du parti de la Colombe. Une structure qu'il voulait présidée par le député Badr Tahiri, un ancien de la section du PAM à Meknès. C'est lors des élections législatives du 25 novembre 2011, que ce dernier s'est retrouvé parachuté n°2 de la liste du président du RNI dans la capitale ismaélienne. C’est justement grâce à cette position qu’il doit son siège à la Chambre des représentants après la nomination de Mezouar ministre des Affaires étrangères au sein du gouvernement Benkirane II, le 10 octobre 2013.
Pourtant, tout était prêt pour la proclamation de la naissance de la jeunesse du parti, les 5 et 6 mars, au complexe culturel Moulay Rachid à Casablanca. Le président et ses proches ont amené des militants du parti de plusieurs régions du royaume. Le samedi, Mezouar avait prononcé un discours très critique à l’égard du PJD. Le deuxième en l'espace de dix jours.
Le dimanche 6 mars, le président s’est rendu à l’évidence que les «conditions» n’étaient pas réunies pour annoncer la naissance de l’organisation de la jeunesse. La structure ne remplissait pas le critère obligatoire de représenter toutes les régions du royaume et surtout ne bénéficiait pas du soutien des ténors du parti.
L’éminence grise du parti et des ministres du RNI boudent la réunion
En effet, l’absence de Mohamed Bentaleb était au cœur des discussions entre RNIstes. Membre fondateur du parti vers la fin des années 70, il a depuis étendu son influence au sein de la Colombe. Considéré comme l’éminence grise du RNI, il occupe la tête de la section casablancaise de la formation. Il est également l’époux de la ministre de l’Artisanat, Fatima Marouane, qui a elle aussi séché la réunion. A l'exception de Mohamed Abbou, les autres ministres RNIstes ont opté pour la chaise vide. Toutes ces absences pourraient être le signe annonciateur d'une fronde contre Mezouar.
A sept mois des législatives du 7 octobre, l’ordre imposé depuis le printemps 2009 à la maison RNI ne devrait pas connaitre de changement. Mais c’est la proximité avec le PAM qui cristallise la colère de quelques ténors au sein du RNI. Ils craignent que le PJD, favori pour remporter la première place au prochain scrutin, ne les écarte de la composition du gouvernement en raison de cette proximité avec le parti du Tracteur. A l’exception de la parenthèse (du 3 janvier 2012- au 9 octobre 2013), le RNI créé en 1978 par Ahmed Osman, ancien premier ministre et beau-frère de Hassan II, a toujours figuré sur les photos de famille des gouvernements qui se sont succédés depuis.