Menu

Grand Angle

Immigration: Taoufik, expulsé vers le Maroc, retournera en France

Expulsé vers le Maroc le 26 août 2008, Taoufik rentre demain, mardi 21 Avril 2009, en France. C'est l'aboutissement d'un combat de huit mois, mené sans relâche par ses professeurs et ses proches. Ce Marocain de 21 ans a été expulsé à la suite d'un contrôle de police, en avril 2008. Le consulat de Tanger lui a accordé son visa, après huit mois de négociations menées par un collectif de soutien. « Je tiens vraiment à remercier tous ceux qui m'ont aidé et qui ont été là quand j'avais besoin d'eux », déclare Taoufik à Yabiladi.
Publié
DR
Temps de lecture: 2'
Ce collectif, composé d'une centaine de personnes environ, n'a eu cesse d'organiser la mobilisation dès le départ de Taoufik du lycée professionnel Louis Girard, à Malakoff (région parisienne).
Début octobre, un premier rassemblement est organisé pour transmettre le dossier de Taoufik au ministère de l'Immigration. Fin octobre, le chef du cabinet reçoit les membres du comité. Mais les démarches sont bloquées: Taoufik s'est fait volé son passeport et doit le refaire d'urgence. Après l'avoir obtenu, non sans efforts, une première demande de visa est effectuée. Elle est rejetée mi-janvier par le consulat de Tanger.

« On a donc remis en marche la machine en France », explique Elise Brultey. Au total, le comité recueille 7 000 signatures. Le site internet relayant les différentes actions a comptabilisé plus de 4 000 visiteurs par mois. Et une autre manifestation a lieu, des courriers sont envoyés... Finalement, un entretien se déroule entre quelques professeurs, Taoufik et le conseiller technique du ministère de l'Immigration. Une réponse doit être donnée sous quinze jours... mais elle ne vient pas. Le comité réagit: un préavis de grève est envoyé au niveau académique. Le 27 mars, le gouvernement français donne son accord pour le retour de Taoufik.

« La nationalité française des frères et sœurs de Taoufik a été décisive. Ce qui a également beaucoup compté est le fait qu'une vingtaine de professeurs ait rédigé des lettres attestant du sérieux de Taoufik, et le soutien de politiques. Mais surtout, la mobilisation n'a jamais lâché ! », commente Elise Brultey, actuellement à Oujda aux côtés de Taoufik.

Cette dernière s'est rendue plusieurs fois au Maroc pour aider son élève à travailler l'épreuve du bac qu'il doit passer en juin prochain. Son enseignante se veut optimiste: « Cela fait un peu court mais il a beaucoup travaillé et a déjà obtenu 14/20 à l'épreuve professionnelle. En rentrant, il va avoir des cours supplémentaires. On va faire le maximum pour qu'il ait son bac. »

Taoufik n'était pas revenu au Maroc depuis six ans et le déracinement a été difficile. Aujourd'hui, il regarde la situation avec philosophie: « Au début, c'était un peu dur. Je ne savais pas si j'allais rentrer ou non. J'étais très stressé. Mais cette période m'a fait beaucoup de bien, ça m'a aidé à prendre du recul, à réfléchir sur moi-même. » Tous n'ont pas eu la même chance que Taoufik. Mais ce récit redonne espoir, comme le signifie Elise Brultey: « On a toujours été extrêmement calme et on a joué la carte des arguments. C'est bien de pouvoir montrer à nos élèves que l'on peut obtenir gain de cause sans violence. »

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com