Le département de Ratmane Lamamra est furieux contre la direction de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), pourtant très proche du gouvernement. Une proximité qui n’a pas empêché le ministère de sommer le secrétaire général de l’UGTA de lui fournir des explications au sujet d'une lettre de félicitations au roi Mohammed VI émise par le chef de la section du syndicat à Béchar, indique le quotidien arabophone El Bilad. Un message qui a irrité au plus haut sommet de l'Etat, puisqu'il saluait la position du royaume sur le Sahara occidental et condamnait la politique du Polisario.
Sur la défensive, Sidi Essaid, le secrétaire général de l’UGTA, a dans un premier temps balayer toute implication de sa centrale dans cette affaire, doutant même de l’authenticité de la missive. Un argument qui n’a pas longtemps résisté à la pression exercée par le ministère des Affaires étrangères. Dans un geste d’apaisement, Essaid a ensuite annoncé la suspension du chef de l’UGTA à Béchar. Et de l'accuser d’avoir essayé de «dissimuler l’existence de la lettre» à sa hiérarchie alors qu’elle est «contraire au ferme appui de l’Algérie au Polisario», a-t-il déclaré.
Des précédents
Par ailleurs, il n’est pas exclu que la justice se saisisse de l'affaire. Il y a déjà eu des précédents en Algérie. En juillet, à la suite d’une intervention du ministre de la Communication, le procureur de la république de Ghardaïa a poursuivi des salariés (journalistes et techniciens) d’une radio locale publique à Ghardaïa. Il les avait accusés de «porter atteinte à la stabilité de l’Algérie» suite à la diffusion, le jour même de la célébration de la Fête de l’indépendance de l’Algérie (6 juillet 1962), de chansons à la gloire du roi Mohammed VI.
Un mois plus tard, Bouzid Harzallah avait été démis de ses fonctions par le ministère algérien de la Culture à la tête des Nuits de la poésie arabe», célébrée à Constantine. La tutelle n’avait pas pardonné à l’intellectuel d’avoir cosigné, avec neuf de ses compatriotes et quatre écrivains marocains, une lettre ouverte appelant «à l’unité naturelle de nos deux peuples» et «à la reconstruction des ponts au-delà du gouffre qui nous sépare afin de restaurer notre destin commun et rebâtir un avenir maghrébin plus lumineux».