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Grand Angle

30 ans plus tard, les musulmans de Ceuta et Melilla réclament la récupération de leurs noms de famille

Les Espagnols d’origine marocaine vivant dans les enclaves de Ceuta et Melilla réclament la récupération de leurs noms de famille originels. Durant la vague de naturalisation menée dans les années 80 par le gouvernement Felipe Gonzalez, Madrid avait exigé des Marocains de se débarrasser de leurs noms de famille et de les remplacer par les prénoms du père et du grand père.

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A Ceuta et Mellila, les Espagnols d’origine marocaine de confession musulmane réclament des autorités espagnoles la récupération de leurs noms de famille. Une coalition politique d’opposition à l’Assemblée de Ceuta demande en ce sens une modification de la loi du Registre civil.

A cet effet, elle a déposé au parlement local une proposition exigeant du président du conseil autonome de la ville pour demander à Madrid «l’établissement d’un processus extraordinaire de régularisation» permettant de rompre avec la politique qu’avait menée le gouvernement de Felipe Gonzalez durant les années 80. C'est la procédure normale puisqu'à Ceuta et Melilla, les deux parlements locaux sont dépourvus du droit de légiférer. C’est à Madrid que se décide la législation des deux villes. Un ordre qu’avaient établis le PSOE et le PP d’un commun accord en 1995.

Une naturalisation sous condition

C’est en 1985 que Madrid annonçait son grand projet de naturalisation des Marocains des deux enclaves. La même année, Melilla avait connu des protestations des habitants qui réclamaient une amélioration de leurs conditions économiques. Une année plus tard, l’exécutif Gonzalez passait à l’acte. En échange de ce cadeau, il avait exigé des requérants de se débarrasser de leurs noms de famille et de les remplacer par les prénoms du père et du grand père. Une condition acceptée par une population qui vivait dans la précarité et rêvait de tirer profit de l’adhésion de l’Espagne à la CEE (Communauté économique européenne).

Résultat : pour plus de 40% des habitants de Ceuta et Melilla leur nom de famille n'est qu'une succession de prénoms. En voici quelques exemples : Mohamed Mustafa et Mohamed Ali, élus à l’Assemblée de Ceuta, le défunt Mohamed Hamed Ali, un religieux très connu ou Hamed Abderrahmann, un islamiste qui a séjourné deux années à Guantanamo avant sa libération en 2004. Ceux qui ont échappé à cette politique sont rares, seulement quelques milliers de citoyens. Ils avaient acquis la nationalité espagnole avant le projet de Gonzales. A Melilla, ils étaient seulement 2.827 musulmans selon un article d’El Pais datant de 1985. Trois décennies plus tard, les Espagnols d’origine musulmane des deux enclaves veulent renouer avec leur identité et leur histoire. 

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