La 17ème chambre civile du tribunal de grande instance de Paris a condamné hier le Journal du Dimanche (JDD) à verser 1 euro symbolique de dommages et intérêts aux deux journalistes français Eric Laurent et Catherine Graciet, mis en examen pour «chantage et extorsion» sur la personne du roi Mohammed VI, rapporte la presse française citant un jugement consulté par l’AFP
En cause, un article du journal hebdomadaire daté du 30 août 2015 évoquant «un enregistrement accablant» pour les 2 journalistes français mais qui tentait aussi d’expliquer «comment les journalistes ont fait chanter le roi». Dans son verdict la 17èmechambre civile explique que l’article du JDD « ne laisse planer aucun doute dans l’esprit du lecteur sur la culpabilité des journalistes [Eric Laurent et Catherine Graciet, NDLR]». Le verdict estime également que l’auteur de l’article n’émet «aucune réserve» sur «l’attitude [et] les déclarations des représentants du royaume».
Pour la Chambre civile, «si l’auteur prend soin, apparemment, de présenter les explications et réactions des avocats [d’Eric Laurent et Catherine Graciet]», «ce procédé n’est pas non plus de nature à modifier la perception des lecteurs, [les arguments des deux journalistes] apparaissant plus comme des positions de principe purement conservatoires que comme éléments susceptibles de contrebalancer des preuves, pour certaines présentées comme "accablantes" et donc quasi-irréfutables».
Un euro symbolique contre 30 000 réclamés par les deux journalistes
Eric Laurent et Catherine Graciet avaient intenté un procès pour atteinte à la présomption d’innocence au JDD à qui ils réclamaient 30 000 euros chacun à titre de dommages et intérêts et des mesures de publications judiciaires. Mais des circonstances atténuantes retenues par la chambre civile ont fait baisser la note. Le tribunal tient compte du fait que le JDD a publié sur son site, les «explications et réfutations» des deux journalistes. Résultat, le tribunal a demandé au JDD de verser 1 euro symbolique et 1 500 euros de frais de justice.
«La presse ne peut pas s’accaparer le droit de juger» ont réagi Léa Forestier et Vincent Brengarth, les avocats des 2 journalistes. Ils estiment que «l’enquête est bien plus compliquée que ce qu’a bien voulu en dire le JDD».
Pour rappel, Eric Laurent et Catherine Graciet ont été mise en examen pour chantage et extorsion sur la personne du roi Mohammed VI à qui ils auraient réclamé la somme de 2 millions d’euros dont 40 000 d’avance chacun en échange de la non publication d’un livre à charge censé contenir des révélations gênantes sur la famille royale marocaine.