Ali, 39 ans, et son épouse embarquent vendredi 5 février dernier à l’aéroport de Manchester à destination de Marrakech pour leur lune de miel. Les deux tourtereaux s’offrent enfin ces moments privilégiés de nouveaux mariés qui n’ont pas été possibles juste après leurs noces. Mais très vite, leur enthousiasme va s’éteindre.
Quelques instants avant le décollage, un agent du personnel naviguant approche Ali, lui demandant de descendre de l’avion sous ordre de la police, rapporte la presse locale. L’homme obtempère et subi un interrogatoire qui durera 5 heures. «Ils ont dit qu’ils le faisaient en vertu de l'article 7 contre le terrorisme», explique l’homme qui reste encore abasourdi.
«La police a fini par me dire : ''Désolé"»
Portant une barbe, Ali a l’habitude des interpellations policières, avec à son actif 20 interrogatoires en deux ans dans les aéroports. Le dernier date d’il y a trois semaines, alors qu’il était en compagnie de sa mère. Mais vendredi, c’était la première fois qu’il a eu à descendre d’un vol. «Je ne méritais pas cela. C’était très embarrassant et humiliant pour nous de sortir de l'avion», explique-t-il.
Une humiliation d’autant plus grande qu’Ali l’a subi sans raison. «Ils n’ont rien trouvé et à la fin, ils m’ont dit "désolé"», explique l’homme, soulignant qu’il a entendu la police prononcer ce mot à son attention une vingtaine de fois.
Le jeune musulman dit avoir été victime d’une campagne de sabotage sur Facebook. D’après lui, des gens auraient créé des faux comptes et fait des publications sur sa page le qualifiant d’extrémisme et l’accusant d’avoir 11 épouses. «Tout cela est absurde. C’est totalement faux et malveillant», juge-t-il, expliquant que quotidiennement en revanche, il travaille pour combattre l’idéologie extrémiste. Il s’investit beaucoup dans tout ce qui est bénévolat dans sa ville de résidence, Derby, pour justement montrer que porter la barbe ne signifie pas qu’il hait les gens.
Plainte
Ali a décidé de porter plainte ce mercredi contre la compagnie et la police pour que justice lui soit rendue. «Cela a gâché ce qui était ma lune de miel avec ma femme», a-t-il dit, soulignant qu’il n’est pas question d’argent pour lui, mais de son honneur. «Je veux que les passagers à bord ce jour-là sachent que je suis innocent et que je n'ai rien fait de mal», argue-t-il.
Contacté par l’édition locale du Telegraph, la compagnie a estimé qu’elle ne pouvait rien faire, à partir du moment où l’ordre venait de la police. De son côté, un porte-parole de la police du Grand Manchester a fait valoir l’article 7 de la loi contre le terrorisme pour justifier l’interpellation d’Ali. Ces derniers mois au Royaume-Uni l’étau se resserre sérieusement autour de la communauté musulmane en raison de la lutte anti-terroriste.