Dans le sillage de sa crise avec l’Iran, l’Arabie Saoudite avait procédé au changement de son ambassadeur au Maroc. A la surprise générale, le 11 janvier, le roi Salman nommait Abdelaziz Khouja à la tête de la représentation diplomatique de son pays à Rabat. Cette nomination sonnait comme un véritable retour en grâce pour l’ancien ministre de la Culture jugé «libéral» par les durs du régime. Du côté marocain, la nouvelle a été bien accueillie, d’autant que le Saoudien avait déjà occupé le même poste de 1996 à 2004.
Durant son précédent séjour, le diplomate avait réussi à se constituer un solide réseau de relations avec les politiques marocains. Connu pour être un homme de dialogue, Khouja est très apprécié au royaume. En novembre 2014, alors ministre de la Culture, il avait été décoré par le Wissam royal de Compétence intellectuelle.
Le nouvel ambassadeur a le droit à tous les égards
Depuis qu’il a pris ses quartiers dans la capitale du royaume, Khouja est traité avec égards. Une certaine presse a largement salué son arrivée au Maroc. Le 26 janvier, il a été reçu par un haut cadre du ministère des Affaires étrangères. Et hier, il a eu droit à une entrevue avec Abdelilah Benkirane. Les entretiens entre les deux hommes ont porté sur les moyens de renforcer davantage les relations entre les deux partenaires, indique l’agence de presse saoudienne.
D’habitude, le chef du gouvernement se garde de s’immiscer dans les dossiers diplomatiques qu’il considère comme un domaine réservé au roi. Mais pour le grand frère saoudien, il a commis une entorse à la règle qu’il s’est contraint à respecter. Cet accueil et toutes ses attentions indiquent une volonté des officiels marocains de dissiper toute mauvaise interprétation de la position modérée de Rabat vis-à-vis de la récente crise irano-saoudienne.
Pour mémoire, le Maroc a été le seul pays parmi les alliés de l’Arabie Saoudite à ne pas avoir rompu ses relations diplomatiques avec Téhéran ou à rappeler son ambassadeur pour consultation. Le Maroc s’était même contenté dans un premier temps d’appeler les deux protagonistes à la «sagesse» avant de multiplier les condamnations de l’incendie de l’ambassade saoudienne à Téhéran et de son consulat à Mechhed par une foule en colère suite à l’exécution d’un dignitaire religieux saoudien chiite.